Page:Beauchamp - Mémoires secrets et inédits pour servir à l’histoire contemporaine, tome 2.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pour les états, monsieur le comte, je les ferai bien, répondis-je, mais pour le mémoire, je ne sais pas parler aux ministres. Il faut pourtant que vous le fassiez, me répliqua-t-il ; le Roi part demain, je suis accablé d’affaires, il m’est impossible de m’en occuper ; prenez avec vous Rivière qui fera les états, et vous travaillerez au mémoire. » J’étais désolé, parce que véritablement je ne savais comment m’y prendre. Dans l’instant arriva M. l’abbé Marie. « Vous voilà à propos, l’abbé, lui dit M. d’Avaray ; ayez pitié d’H***, il n’aime pas à parler aux Dieux, il va vous mettre au fait. » Je lui dis effectivement ce dont il était question, il me répondit aussitôt : « Allons chez moi, je me charge du mémoire, chargez-vous du reste. »

La maison où logeait le Roi était très-petite, et à tel point, que, pendant le temps que le Roi a résidé à Mémel, M. le duc de Fleury, M. l’abbé Edgworth, l’abbé Fleuriel et moi, nous avons couché dans la même chambre, sur des lits de camp. On avait été obligé de