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et d’intérêt. J’assistais à toutes ces audiences, et à aucune je ne pouvais retenir mes larmes : à l’une d’elles, les chevaliers de Nacusson et de Montlezun furent émus jusqu’à sangloter. Le Roi, prenant la main de M. de Montlezun, lui dit : « Mon ami, quand on a le cœur pur, c’est au jour de l’adversité qu’un Français doit redoubler de courage. » Puis adressant la parole aux autres : « Si mon courage m’abandonnait, c’est chez vous, messieurs, que j’irais apprendre à me retremper. »

Dans cette crise, les gardes-du-corps ont montré un courage et une noblesse dont ils n’ont pu trouver les modèles que dans la conduite surnaturelle de leur maître. En effet, dans les différentes audiences que le Roi leur a accordées, tous ont dit à Sa Majesté qu’ils avaient éprouvé deux jouissances : celle de partager le sort de leur maître, et celle de lui avoir vu rendre toute la justice qui lui était due ; car toutes les preuves d’intérêt et de commisération qu’ils avaient reçues, c’était