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Toutes les circonstances qui ont accompagné le départ du Roi de Mittau, ont été si extraordinaires, qu’on s’attendait à quelques mesures semblables à l’instant où le Roi se présenterait pour passer la frontière russe. Craignant quelque nouvel outrage dans la visite de ses papiers, Sa Majesté les remit à sa nièce, qui les tint cachés sous ses vêtemens. Le Roi, lui-même, était tout aussi peu rassuré, et semblait craindre quelques mesures hostiles envers Madame : et n’étions-nous pas fondés à les redouter, d’après l’obstination que l’on avait mise, à Mittau, à ne point lui délivrer des passe-ports ? Le Roi jugea qu’on devait l’en prévenir à temps ; il ordonna en conséquence à M. le duc de Fleury de prendre les devans, de sonder le terrain, de même que les dispositions des troupes russes, et il lui dit : « Si les choses se passent bien, vous vous présenterez à la portière de mon côté ; dans le cas contraire, vous vous présenterez du côté de ma nièce. — Oh ! mon Dieu !