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par des marchands suisses qui sont couchés. Le comte d’Avaray se doutant que ces soi-disant marchands suisses sont de la suite du Roi, se fait conduire dans leur chambre ; et affectant de parler un langage étranger, les prie de lui céder leurs chevaux ; c’était précisément M. Courvoisier, qui, reconnaissant la voix de M. d’Avaray, donne aussitôt son désistement des chevaux de poste.

Le Roi vint à Dillingen, dont son oncle, l’électeur de Trèves, était souverain, et qui conséquemment devait lui être un asile sûr et tranquille. Le 19 juillet, le soir même de son arrivée, à dix heures, étant à la fenêtre du premier étage de l’auberge avec le duc de Fleury, par le plus beau clair de lune, Sa Majesté fut frappée d’un coup de carabine. La balle, après lui avoir labouré le front de la longueur de deux pouces, fut s’amortir dans le mur. (Le duc de Guiche conserve cette balle.) Le Roi fut aussitôt inondé de sang, mais sans être ému ; et voyant le désespoir de ses serviteurs, il leur dit : « Vous