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dans son appartement, jusqu’à ce que Monseigneur ait reçu la réponse de la bouche même de Sa Majesté. » M. le prince de Condé fut effectivement trouver le Roi, et lui fit sa proposition. Le Roi lui répondit « qu’il n’était pas venu se réunir à sa noblesse pour s’en séparer ; que, quant aux périls que craignait et prévoyait Son Altesse, il fallait, par-dessus tout, que le Roi ne fût pas fait prisonnier ; que quant à être tué, le Roi ne mourait pas en France. » Je ne sais si le parti irrévocable du Roi, et qui était celui de l’honneur, força le cabinet de Vienne à changer ses plans, mais le maréchal de Wurmser fut dégarni d’une partie des troupes de son armée ; et telle fut la cause que le passage de l’armée de Condé à Huningue, d’abord arrêté et si ardemment désiré, ne s’effectua pas.

Sur la nouvelle que l’on reçut (24 juin 1796) que les Français avaient passé le Rhin, et s’étaient emparés de Kehl, toute l’armée se mit en mouvement ; le Roi monta à cheval à sept heures du soir, pour aller