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Majesté les dangers qu’elle courait ; on lui proposa de se retirer à Rothembourg, sur le Necker, d’où elle serait à même de suivre les opérations de l’armée. Le Roi répondit qu’il n’était pas venu au milieu de sa noblesse pour se déshonorer, mais pour partager ses travaux et son sort, et qu’il ne la quitterait pas. La cour de Vienne ne se rebuta point de cette réponse, et de l’attitude très-prononcée du Roi. Elle lui dépêcha le général Klinglin, qui, après de nouvelles tentatives, aussi infructueuses, osa dire au comte d’Avaray, de la part de l’Autriche, que si le Roi ne quittait pas l’armée de bonne grâce, on emploierait la force. Le comte d’Avaray lui répondit qu’il serait possible qu’on en vînt à bout, mais que l’Empereur verrait ce qu’il en coûte pour enlever un roi de France au milieu de ses gentilshommes. M. le prince de Condé fit appeler, à cinq heures du matin, M. le comte d’Avaray, et lui dit : « Monsieur d’Avaray, il faut absolument que vous employiez tout votre crédit auprès du Roi pour déterminer Sa Majesté