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La conscription de 1811, qui fut une infraction aux traités existans entre la France et la Russie, les armemens extraordinaires des Polonais du duché de Varsovie, et l’accroissement progressif de l’armée française d’Allemagne, dont le quartier-général avait été transféré de Ratisbonne à Hambourg, étaient autant d’indices des projets qu’il méditait.

L’empereur Alexandre vit alors le danger de plus près ; il jugea enfin qu’il était temps de faire aussi des préparatifs de défense, et il rassembla la majeure partie de ses forces sur la frontière occidentale de son empire.

Napoléon ne s’était pas attendu à trouver dans le cabinet russe cette prévoyance du danger dont il le menaçait ; il en fut alarmé ; ses affaires d’ailleurs prenaient de jour en jour en Espagne une tournure plus défavorable ; il sentit que ce n’était pas le moment d’éclater. Il eut recours encore une fois aux protestations de bonne amitié ; mais ce moyen était usé, et Alexandre, devenu défiant, se tint sur ses gardes.

La guerre entre la Russie et la Porte ayant recommencé en 1811, Bonaparte ne vit plus de motifs pour cacher ses projets.