l’armée. Je la remplis cependant, et lorsqu’elle fut terminée, j’écrivis au maréchal Mortier, qui commandait l’avant-garde, et qui avait ordre de faire sauter le Kremlin, pour savoir ce que j’avais à faire : ne recevant pas de réponse, je restai à mon poste ; et je puis dire, sans craindre d’être démenti, qu’au milieu de ces circonstances périlleuses, j’exposai vingt fois ma vie pour sauver le précieux dépôt qui m’était confié !
Le Kremlin devait sauter à minuit ; trois brèches y avaient été pratiquées ; mais l’exécution n’eut lieu qu’à deux heures du matin. En réfléchissant à cet acte de pure vengeance, je jugeai avec raison qu’il ne servirait qu’à exaspérer les Russes et à compromettre la vie des blessés. Je proposai à quelques habitans de me donner une garde d’honneur, et je promis de prévenir l’incendie en arrachant les mèches. La chose était facile, mais ils n’osèrent pas, et l’explosion eut lieu ; elle fut terrible ! toutes les vitres de l’hôpital des Enfans-Trouvés furent brisées.