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À six heures du matin, le feu d’une batterie française donna le signal ; le général Compans, du corps du maréchal Davoust, commença l’attaque qui, bientôt, devint générale. Qu’on se figure près de trois cent mille combattans, faisant et soutenant un feu meurtrier, et animés d’une même ardeur ; les bombes, les boulets, la mitraille, les charges de cavalerie, se succédant sans interruption, et portant la terreur et la mort jusque dans les derniers rangs des deux armées ; et on n’aura qu’une idée imparfaite du spectacle que présenta la vaste plaine de Borodino, depuis le lever de l’aurore jusqu’à la fin du jour.

Le pont de la Moskowa fut pris et repris plusieurs fois ; les cadavres y étaient entassés, et le 12e de ligne y fut presque entièrement sacrifié. Une partie de la grosse cavalerie, rangée en bataille, avait reçu l’ordre de ne faire aucune charge : elle recevait la mort ; mais le front qu’elle présentait à l’ennemi était une barrière formidable qu’il n’osa point attaquer.