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prisonniers qui devait avoir lieu sur le Bugg. Conformément à cette opinion, plusieurs colonnes de prisonniers s’étaient fait un drapeau sur lequel on lisait ces mots en gros caractères : NOUS LE REVERRONS ! d’autres colonnes avaient conservé leurs aigles, et les portaient en triomphe.

Il eût été dangereux de manifester des sentimens contraires à ceux du plus grand nombre, on eût couru risque de la vie. Un sous-officier et un employé civil, qui osèrent improuver ces signes extérieurs d’une opinion irréfléchie, furent obligés de quitter leur colonne, et de prendre la poste pour échapper à une mort certaine.

Cette exaltation dans les idées se faisait surtout remarquer parmi les jeunes gens qui avaient été élevés dans les Lycées et dans les Écoles militaires. Les vieux soldats pensaient en général plus sainement ; aussi étaient-ils vus d’un mauvais œil par cette fougueuse jeunesse. J’ai souvent entendu dire à ces braves : « Si Louis XVIII nous veut, nous serons à