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si serré qu’il est impossible de voir personne au travers.

L’aspect de la population est encore plus misérable ; les habitans pauvres, qui forment le plus grand nombre, ont pour tout vêtement une chemise bleue jusqu’à mi-cuisse, qu’ils retroussent la moitié du temps dans leurs mouvemens ; un turban de guenilles, une mauvaise ceinture, voilà tout le complément de leur toilette.

Dans une ville où tout n’arrivait du dehors que par la confiance et l’appât du gain, l’abondance ne devait pas régner après la crise de la conquête. À mesure que l’armée arrivait, on avait la plus grande peine pour se procurer des vivres et pour se caser.

Mais au quartier-général, qui était à l’extrémité de la ville, on voyait un air de mouvement et de vie ; des troupes débarquaient ; d’autres se mettaient en marche pour traverser le désert vers Rosette. Les généraux, les soldats, les Turcs, les Arabes, tout cela formait un contraste qui indiquait