Page:Beauchamp - Mémoires secrets et inédits pour servir à l’histoire contemporaine, tome 1.djvu/346

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il fit entrevoir qu’il s’était noblement refusé de se faire le meurtrier de ceux qu’il était chargé de sauver, faisant allusion à l’empoisonnement des malades de Jaffa, et en même temps au massacre des prisonniers turcs. Le général en chef, pâle de colère, voulut imposer silence à l’énergique orateur ; mais ce fut en vain ; Desgenettes continua sur le même ton, malgré les instances du président qui l’invitait fraternellement à se taire, et malgré les sommations du général qui le lui enjoignait d’une manière impérieuse. Ce fut alors que les amis de Desgenettes firent entendre dans l’assemblée les mots de despotisme oriental, de gardes armés jusque dans l’enceinte d’une société savante et paisible. En effet, plusieurs guides du général en chef l’avaient accompagné jusque dans la salle des séances. Cette scène très-vive durait encore, que Desgenettes se recueillant, dit avec plus de calme ces belles paroles qui ont été rapportées en ces termes :

« Je sais Messieurs, je sais, général, puis-