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de se défaire, par une préparation d’opium brusquement administrée, des malades français pestiférés ou blessés sans espoir de guérison, et dont le transport à la suite de l’armée paraissait ou impossible ou pernicieux. À cet effet, il en fit l’ouverture au médecin en chef Desgenettes, alléguant les dangers de la contagion, la prétendue nécessité de l’empoisonnement ; et ajoutant que, dans une semblable situation, il regarderait comme son bienfaiteur celui qui, pour lui épargner les angoisses d’une mort certaine, viendrait hâter le terme de sa déplorable existence. Le médecin en chef combattit avec courage les argumens du général, et il finit par lui dire que s’il désapprouvait comme simple individu une pareille mesure, à plus forte raison, comme homme public, comme médecin en chef de l’armée, il ne voulait ni ne pouvait entrer pour rien dans une résolution qui lui paraissait non-seulement odieuse, mais contraire aux lois divines et aux devoirs de l’humanité. Refroidi par cette