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abondance et à bas prix, rendirent les forces à l’armée et la santé aux malades. On s’étonnera sans doute qu’avec un peu d’eau douce qu’on portait pour chaque homme blessé et quelques galettes de biscuit, et avec le seul usage de l’eau saumâtre pour les pansemens, les soldats qui étaient affectés de blessures graves, ou privés de quelques membres, aient pu traverser les déserts dans un espace de soixante lieues, sans que leur mal s’aggravât ; au contraire, la plupart se trouvèrent guéris en arrivant en Égypte. Cette espèce de phénomène fut attribué par les médecins et les chirurgiens de l’armée à l’exercice, au changement de climat, aux chaleurs sèches et saines du désert, et enfin à la joie que chacun éprouva de se retrouver en Égypte, qui, en comparaison de la Syrie, était regardée comme un paradis terrestre. On laissa le reste des malades dans les hôpitaux de Salahiéh et de Belbeys, jusqu’à parfaite guérison ; et l’armée, poursuivant sa marche, traversa la province de Charqiéh, qui était alors