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que onze vaisseaux avaient été pris, brûlés ou perdus. Plusieurs personnes bien informées assuraient que le vice-amiral Brueys, qui venait de périr dans la bataille, aurait voulu mettre à la voile aussitôt après le débarquement des troupes à Alexandrie, mais que Bonaparte s’y était opposé. Brueys, qui lui était entièrement dévoué, s’était soumis sans murmure, bien décidé à suivre les destinées du général en chef. Toutefois, ce dernier avait insisté pour que l’escadre, forte de quinze vaisseaux de ligne et de plusieurs frégates, se cachât dans le port d’Alexandrie ; mais Brueys, persuadé qu’elle ne pourrait y entrer sans danger, à cause des bas-fonds et des récifs, et voulant au préalable faire sonder les passes, avait pris son mouillage dans la rade ouverte d’Aboukir, en attendant le résultat de cette opération. La manœuvre inconcevable de la flotte anglaise, qui était retournée dans l’ouest, tandis que nous opérions notre descente, qu’elle aurait pu facilement contrarier, avait établi mal-