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arrosait une fois l’an. Ici, au contraire, chaque morceau de terre montrait les soins du laboureur. Les puits étaient entretenus ; des rigoles élevées avec précision conduisaient l’eau dans les campagnes, et une immensité de carrés factices, cernés d’un rebord, la conservaient sur les champs arrosés. Qu’on ajoute la plus vive sollicitude peinte dans le regard des habitans à notre approche, bien éloignée de cette apathie stupide qui suit l’extrême indigence, et que nous avions remarquée dans les autres lieux de notre passage, et on aura une idée de l’état physique et moral de cette partie de l’Égypte.

Nous attribuâmes cette amélioration dans le sort du cultivateur à l’éloignement et à l’abri, pour ainsi dire, où jusqu’alors ils avaient été des mameloucks, leurs oppresseurs, qui rançonnaient avec bien plus de sécurité les endroits situés sur les bords du Nil et des canaux navigables. Ici, pour parcourir une vingtaine de lieues par terre, on était arrêté par bien plus de difficultés, et