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évidemment, mais de bonne volonté, adroite, aimable, il l’a remerciée d’un geste de la main, et aussitôt après, le visage redevenu grave, Réginald Osberne Breynolds a rapidement saisi la veste que lui tendait un collégien émerveillé. Par-dessus la chemise, il a endossé un vêtement de flanelle ample, rayé noir, jaune et rouge ; il a resserré la ceinture de soie noire qui retenait le pantalon de flanelle blanche, et à pas allongés, entouré d’une douzaine de jeunes gens et de jeunes filles qu’il dépassait d’une demi-tête, il est venu saluer sa mère. Il a serré la main que celle-ci lui tendait ; il a mis, dans son empressement à saisir cette main et à la lever jusqu’à la hauteur du cœur, dans la pression respectueuse de ses doigts, dans la durée de cette caresse, dans son regard très fier, très heureux, il a mis ce qu’il avait à dire. Elle, de son côté, n’a pas donné souvent une poignée de main aussi énergique. Mais le visage n’a reflété que le sentiment qu’il est permis de laisser voir à la foule, que la fierté d’avoir un fils très beau et très fêté, et elle a simplement dit :

— Mon cher enfant, je suis contente que vous ayez gagné ! Je suis fière de vous !