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et flamande de l’écrivain, il paraît que son père était, comme sa mère, d’ascendance flamande. De plus sa bisaïeule paternelle était italienne.

Quoi qu’il en soit, il porte bien en lui les deux âmes constitutives de la Belgique, dont le Brabant opère la fusion. Lemonnier est un Belge, c’est-à-dire une combinaison de Flamand et de Wallon, ou plutôt une synthèse gallo-germaine. Mais à considérer son type et son tempérament, il est bien évident que l’ascendance flamande a été prépondérante chez lui. La lignée maternelle se dénonce la force déterminante de sa nature. Dans un cas presque analogue, son ancêtre intellectuel, Charles de Coster, un Flamand-Wallon, avait chanté la Flandre en français. C’est le réalisme, caractéristique des Flandres, qui est la dominante de Lemonnier, en dépit des autres aspects de sa riche et multiple personnalité. Tout en étant le Gallo-Germain qu’a nettement caractérisé son compatriote Edmond Picard, l’être profond chez lui, l’être instinctif et originel se prouve septentrional, quelque indéniable influence littéraire qu’ait eue sur sa jeune individualité la pensée latine. C’est cette prédominance en lui de l’esprit du Nord qui lui constitue, dans les lettres françaises, sa grande originalité. Camille Lemonnier est un septentrional, qui a communié aux formes latines, mais qui demeure un septentrional foncièrement.

Cette origine double, ce fait d’être une synthèse donnent la clef de son œuvre. Ils expliquent les deux tendances qui, tout le long de celle-ci, s’entrelacent, se superposent ou se marquent parallèles : d’une part, son attirance vers les matérialités — instinct flamand, — son inquiétude du mystère — sentiment wallon, d’autre part. Il est également redevable à cette double origine des deux sentiments qui sont au fond de sa nature, en inégale proportion, puisque le premier l’a emporté ; la ferme, massive et joyeuse assurance