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AMMONIUS.

fleuri sous l’empire d’Anastase, au commencement du VIe. siècle, et que c’est lui qui a composé les Commentaires que nous avons sous le nom d’Ammonius sur quelques Traités d’Aristote, et en particulier sur le livre de Interpretatione[a]. L’auteur de ce dernier Commentaire dit, dès l’entrée, qu’il a été disciple de Proclus. C’est à lui que quelques-uns attribuent cette Vie d’Aristote qui court sous le nom d’Ammonius [b]. C’est lui sans doute qui a été réfuté par Zacharie de Mitylène. Voyez la remarque (H) de l’article suivant. C’est de lui aussi que l’on entend[c] un passage de Photius, où il est parlé d’un Ammonius qui se plaisait extrêmement à expliquer les vieux poëtes et à faire des remarques critiques sur la langue grecque [d]. Cela fait croire à quelques-uns qu’il lui faut attribuer le Traité qu’on a de la Différence des mots grecs[e] : mais M. Ménage le donne à Hérennius Philon[f]. Le même Ammonius duquel Photius a dit ce qu’on vient de rapporter avait un âne d’un goût merveilleux pour la poésie ; car il aimait mieux ne point toucher à la nourriture qu’il avait devant lui, et souffrir la faim, que d’interrompre son attention à la lecture d’un poëme[g]. Le troisième Ammonius dont je veux parler était un poëte qui vivait au Ve. siècle. Il composa un poëme sur la guerre qu’on avait faite à Gainas, roi des Goths ; et l’ayant récité devant l’empereur Théodose le jeune, il en fut fort applaudi[h]. Il faut mettre dans des articles séparés, non-seulement quelques modernes qui ont eu le nom d’Ammonius, mais aussi un ancien philosophe qui lui a donné plus d’éclat que tous les autres.

  1. Vossius, de Philosoph. Sectis, pag. 90 et 113. Labbe, de Script. Ecclesiast., tom. I, pag 59.
  2. Jonsius, Hist. Philos., pag. 300.
  3. Id. ibid.
  4. Photii Biblioth., num. 242, p. 1040.
  5. Jonsius, Hist. Philos., pag. 300.
  6. Menagius in Diogenem Laërtium, lib. II, num. 5.
  7. Photius, Biblioth., num. 242, ex Damascio, in Vitâ Isidori Philosophi.
  8. Socrates, Histor. Ecclesiast., lib. VI, cap. VI, et ex eo Nicephorus, lib. XIII, cap. VI.

(A) On a, sous le nom d’un Ammonius, un Traité des courtisanes d’Athènes. ][1]. Ceux qui, dans ces derniers temps, ont fait des livres intitulés le Putanisme de Rome, ou de quelque autre grande ville, n’ont pas été des auteurs originaux. L’antiquité avait vu quantité d’ouvrages de cette nature, qui heureusement sont demeurés par les chemins. Il n’en est parvenu aucun jusqu’à nous.

(B) On sait par une autre voie la patrie de celui qui a composé l’ouvrage des Autels et des Sacrifices. ] On ne la sait point par la voie d’Harpocration, comme M. Lloyd l’assure ; mais par la voie de celui qui a composé le livre de Differentiis Vocum. Vossius, et plusieurs autres l’appellent Ammonius. Si M. Lloyd avait bien copié Vossius, il n’aurait pas dit Ammonius historicus ὲν τῷ περὶ βωμῶν καὶ θυσιῶν citatur ab Harpocratione in Ἀμαζόνιον, uti et in voce Ἐσχάρα. Ex quo etiam discimus Lampriensem fuisse, ut Gesnerus falsò Alexandrinum vocet. Voilà de ces fautes d’abréviateur, dont je parle si souvent. Vossius, après avoir dit jusqu’au mot Ἐσχάρα ce que je viens de citer de Lloyd, ajoute ἐν πρώτῳ περὶ θυσιῶν ab Ammonio lib. de Differ. Voc. in βωμός. Ubi et Λαμπριεὺς fuisse dicitur, ut Gesnerus falsò Alexandrinum vocet[2]. Parce que Lloyd n’a pas voulu rapporter tout le passage de Vossius, et qu’il en a sauté

  1. Athen., lib. XIII, pag. 567.
  2. Vossius, de Histor. Græcis, pag. 502.