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AMAMA.

de l’Écriture (E). Il ne faut pas oublier parmi ses éloges le zèle qu’il témoigna pour faire cesser dans l’académie de Franeker un désordre qui n’y régnait pas avec moins de débordement qu’aux universités d’Allemagne. Je parle de l’ivrognerie (F). Il harangua fortement sur cette matière en 1621. On fut si content de lui en Frise, qu’après sa mort, qui arriva le mois de décembre 1629[a], on usa de beaucoup de libéralité envers ses enfans, comme Nicolas Amama, l’un d’eux, le témoigne avec bien de la reconnaissance, dans l’épître dédicatoire d’un livre (G).

  1. Konig, qui le fait vivre en 1630, et le père Morin, qui suppose dans ses Exercitat. Biblicæ, part. I, pag. 61, qu’il enseignait à Franeker, l’an 1633, se sont donc trompés.

(A) Il avait été disciple de Drusius. ] Cela est certain par divers passages de l’Anti-Barbarus Biblicus. Pour ce qui est de Sinesius, dont on le fait disciple dans le Supplément de Moréri, j’avoue qu’il m’est absolument inconnu, et je doute fort qu’on le connaisse dans les Provinces-Unies.

(B) On a parlé de sa Bybelsche Conferentie dans Le Supplément de Moreri. ] Ce Supplément porte que, selon M. Simon, le dessein de Sixtinus Amama dans ce livre est de faire voir que la Bible flamande, qu’on lisait parmi les protestans des Pays-Bas, et qui aavait été traduite sur l’allemande de Luther, était remplie de fautes : et c’est ce qu’il montre fort bien, ajoute-t-on. Pour donner une instruction plus complète là-dessus, il faut rapporter en propres termes ce qu’a dit l’auteur que l’on cite. Les protestans des Pays-Bas, c’est M. Simon qui parle dans sa Lettre à M. P. touchant l’inspiration des livres sacrés, page 10, n’ont appuyé leur réformation que sur une version flamande, qui avait été faite sur celle de Luther ; mais enfin... ils résolurent de travailler à une nouvelle traduction. Sixtinus Amama composa pour ce sujet en flamand un livre intitulé Bybelsche Conferentie, où il fait voir fort au long les raisons qu’on avait de publier une nouvelle Bible pour les églises flurmandes. Il assure que La version flamande qu’ils lisaient dans leur église, et qui avait été prise de celle de Luther, contenait en de certains lieux plus de fautes que de versets, et il en donne dans cet ouvrage un grand nombre d’exemples. Dans la page 11, M. Simon rapporte ceci... : Il est vrai que les calvinistes des Pays-Bas rejetèrent leur ancienne version, et en composèrent une nouvelle. Mais s’ils ont suivi dans leur nouvelle traduction la méthode que Sixtinus Amama propose dans sa Bybelsche Conferentie, elle ne peut pas être exacte : car, pour faire sa réformation, il ne suit que Pagnin, Junius et Tremellius, la Bible de Zurich, la française de Genève, l’allemande de Piscator, l’espagnole de Cyprien de Valera, l’italienne de Diodati[* 1], l’anglaise de Genève, et d’autres nouvelles traductions... défectueuses.

(C) Il sut que Marin Mersenne l’avait réfuté quant aux six premiers chapitres de la Genèse. ] Ce fut M. Rivet qui le lui apprit : car sans cela, il courait risque de ne le savoir de long-temps : il n’avait jamais ouï dire qu’il y eût un père Mersenne au monde. Voici comme il parle dans son Épître dédicatoire[1] : Absque te fuisset, Cl. Rivete, nomen Mersenni qui VI priorum Geneseos capitum adversùs meas stricturas suscepit patrocinium, etiamnùm juxta cum ignarissimis ignorâssem. Tu primus mihi indicium, tu voluminis copiam fecisti, tu ad modestam et mansuetam replicationem hortamentis tuis me animâsti. Je m’étonne qu’il n’ait pas inséré dans son Anti-Barbarus l’avant-coureur de sa réponse ; il l’avait publié en l’année 1627, sous le titre de Epistola πρόδρομος ad Marinum Marsennum[2], M. Crenius l’a inséré

  1. (*) Elle n’a paru que bien des années après cet ouvrage d’Amama. Voyez M. Ancillon, à la page 230 du IIe. tome de son Mélange critique de littérature.
  1. Elle est datée du 27 de décembre 1626.
  2. Voyez le Catalog. Bibliothecæ Oxoniensis, où, au lieu de Marsennum, on a mis Marsennam.