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AMAMA.

publia fut un essai d’un très-beau dessein qu’il avait conçu. Il avait entrepris de censurer la version Vulgate, que le concile de Trente a déclarée authentique ; et sans attendre que tout son dessein fût exécuté, il publia la Critique de la version du Pentateuque[a]. Voilà par où il débuta pour s’agréger au corps des auteurs[b]. Il préparait la suite de cette Critique, lorsqu’il se vit obligé de travailler à une autre chose ; je veux dire à conférer la version flamande de l’Écriture avec les originaux, et avec les plus exactes versions. Cette traduction flamande avait été faite sur la version allemande de Luther. Il rendit compte de son travail au public par l’ouvrage qui parut[c] à Amsterdam, en langue vulgaire, intitulé Bybelsche Conferentie. On a parlé de cet ouvrage dans le Supplément de Moréri (B). Ce soin de collationner occupa beaucoup Amama, de sorte que la publication de ce livre, et celle de quelques écrits de grammaire l’empêchèrent assez long-temps de s’appliquer à la censure de la Vulgate [d]. Il se remettait à ce travail, lorsqu’il sut que Marin Mersenne l’avait réfuté quant aux six premiers chapitres de la Genèse (C). Quittant donc toute autre besogne, il s’attacha à justifier sa Critique contre ce censeur. Sa réponse est une des pièces dont l’Anti-Barbarus Biblicus, qu’il publia l’an 1628, est composé. Les autres pièces sont la Critique de la Vulgate sur les livres historiques du Vieux Testament, sur Job, sur les Psaumes, sur les Livres de Salomon, et quelques Dissertations particulières. Il y en a une sur le célèbre passage des Proverbes, Le Seigneur m’a créée au commencement de toutes ses voyes, où Amama montre que ceux qui accusaient Drusius de favoriser l’arianisme étaient d’insignes calomniateurs. L’Anti-Barbarus Biblicus devait contenir deux parties, chacune de trois livres. L’auteur ne donna que la première. On la réimprima après sa mort (D) ; et l’on y joignit le quatrième livre, qui contient la censure de la Vulgate sur Ésaïe, et sur Jérémie. Il est impossible de parer les coups qu’il a portés à la Vulgate, et de satisfaire aux raisons par lesquelles il a établi la nécessité de consulter les originaux. Aussi voit-on peu d’habiles gens de la communion romaine qui nient cela : ils se retranchent à soutenir, pour sauver l’honneur du dernier concile, qu’il n’a point prétendu soumettre les originaux à l’autorité de la Vulgate. Il n’est pas ici question d’examiner si l’on peut dire cela dans la bonne foi. Notre Sixtinus exhorta si fortement à l’étude des langues originales de la Bible, qu’il y eut des synodes qui, étant frappés de ses raisons, ordonnèrent que désormais on ne recevrait aucun ministre qui n’eût pour le moins une médiocre intelligence de l’hébreu et du grec

  1. Censura Vulgatæ latinæ editionis Pentateuchi ; Franekeræ, 1620, in-4.
  2. Te obstetricante (dit-il à Gomarus) primus ille adolescentiæ meæ fœtus in dias luminis oras prodiit. Sixt. Amama, Anti-Barb. Bibl., pag. 295. Je crois qu’il avait déjà publié en 1618 un petit Traité de Decimis Mosaïcis, qui contient 9 pages in-4°, et qui a été réimprimé à Londres, l’an 1660.
  3. L’an 1623.
  4. Sixt. Amama, Anti-Barb. Biblici, p. 160.