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ALCMÉON.

cien avait eu cette maladie ; il a pris, dis-je, Alcméon le disciple de Pythagore, pour le poëte Alcman[1]. Charles Étienne ne se contente pas de dire que le philosophe Alcméon est mort d’une maladie pédiculaire, il dit aussi que c’est le premier qui en soit mort, et il se munit de l’autorité d’Élien. Ce sont deux mensonges : Élien ne parle pas de notre Alcméon ; c’est d’Alcman le poëte qu’il observe plusieurs choses : mais ayant dit que le philosophe Phérécydes était mort de la maladie dont il s’agit ici[2], il lui aurait sans doute accordé la primauté sur Alcméon, s’il avait parlé de ce dernier, par rapport à cette sorte de maladie. Les erreurs de Charles Étienne se trouvent dans le père Lescalopier[3].

  1. Antig. Caryst. Histor. mirab., cap. XCV. Meursius, dans ses Notes, lui a marqué cette faute.
  2. Ælian. Var. Histor., lib. IV, cap. XXVIII.
  3. In Cicer. de Naturâ Deorum, pag. 41.

ALDRINGER, fameux général d’armée sous l’empereur Ferdinand II, s’était poussé par la seule recommandation de son mérite. Il était du pays de Luxembourg, et d’une naissance tout-à-fait obscure (A). Dès sa première jeunesse, il se mit au service de quelques gentilshommes qui allaient en France : il s’appliqua avec eux à l’étude, et se rendit fort habile. Étant passé en Italie, il devint chancelier du comte Madrucci. Il alla ensuite à Trente, et y eut un emploi honorable dans la chancellerie ; mais la jalousie de ses collègues, et leur conduite, lui causèrent un si grand dépit, qu’il abandonna sa charge, rempli d’un esprit mutin contre la fortune, et résolu de s’attacher à la profession du premier homme qu’il rencontrerait sur son chemin. Il prit la route d’Inspruck ; et comme il rencontra proche du pont un soldat qui s’en retournait en Italie, il prit le parti des armes, et s’enrôla simple soldat. Il devint sergent peu après ; et comme il fit connaître qu’il savait très-bien manier la plume, on l’employa à dresser tous les comptes de la compagnie, et à écrire les réponses que le capitaine avait à faire. Il donna des lumières à ce capitaine, qui lui ouvrirent la porte d’un plus grand emploi. Cet avancement fut cause que le lieutenant de la compagnie devint capitaine, et qu’Aldringer monta à la place de lieutenant. Il se défendit si bien avec cinquante hommes dans un méchant poste, qu’il le conserva malgré les rudes attaques de l’ennemi. Dès lors, la réputation de son courage ne fut pas moins répandue que celle de son habileté : plusieurs colonels lui offrirent une compagnie ; le neveu de l’archevêque de Saltzbourg fut de ce nombre. Il avait besoin, à cause de sa jeunesse, d’avoir un tel homme dans son régiment ; il le rechercha, il l’obtint, et il s’acquit tant de gloire par les bons conseils d’Aldringer, que, pour lui en témoigner sa reconnaissance, il le fit son sergent-major. Aldringer fut ensuite lieutenant colonel, puis colonel ; et il fit tellement paraître qu’il entendait à fond le métier, qu’on le jugea digne de commander en chef à l’expédition de Mantoue [a]. Il joignit fort à propos aux débris de la bataille de Leipsick les troupes qu’il ramena d’Italie [b] ; et peut être que si le comte

  1. En 1630. Tiré du comte Galeazzo Gualdo Priorato, au livre IX de l’Histoire des guerres d’Allemagne.
  2. En 1631.