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ALCMÈNE.

père fut nommé Hercule ; celui qui était fils d’Amphitryon fut appelé Iphiclus[a]. On dit qu’elle épousa Rhadamanthe, après la mort d’Amphitryon, et que son tombeau se voyait auprès de celui de Rhadamanthe, proche d’Halirate, dans la Béotie[b]. D’autres disent qu’elle fut enterrée à Mégare, et que l’oracle l’ordonna ainsi, lorsque les enfans d’Hercule le consultèrent sur le différent où ils étaient : les uns voulant qu’elle fût portée à Argos, les autres soutenant qu’il fallait la porter à Thèbes[c]. Elle mourut en chemin sur les frontières de Mégare, comme elle s’en retournait d’Argos à Thèbes [d]. Hercule était déjà mort : elle avait eu le chagrin de lui survivre ; mais, d’autre côté, elle avait eu la satisfaction de tenir entre ses mains la tête du persécuteur d’Hercule, et de lui arracher les yeux (F). On a conté que son cadavre disparut pendant la cérémonie des funérailles, et qu’on trouva une pierre dans son lit[e]. C’est ce qui fait dire à Pausanias qu’elle fut convertie en pierre[f]. Antonin Liberalis raconte que, pendant que les Héraclides travaillaient aux funérailles d’Alcmène, Jupiter commanda à Mercure de la dérober, et de la transporter aux îles des Bienheureux, afin de la marier avec Rhadamanthe. On exécuta cet ordre, et l’on mit une pierre dans le cercueil. Ceux qui le portaient l’ayant senti fort pesant, l’ouvrirent, et y trouvèrent au lieu du cadavre, une pierre qu’ils déposèrent dans le bois sacré où fut ensuite la chapelle d’Alcmène à Thèbes[g] : Diodore de Sicile marque simplement qu’elle disparut, et que les Thébains lui rendirent les honneurs divins[h]. Ils montraient encore sa chambre du temps de Pausanias [i]. On voyait son autel à Athènes en ce même temps[j]. Le présent qu’elle reçut de Jupiter pour la longue nuit qu’elle avait passée avec lui, était montré dans Lacédémone plusieurs siècles après, comme une rareté singulière[k]. On a raconté des choses bien merveilleuses touchant son tombeau (G). Consultez l’article d’Amphitryon.

  1. Apollod. Biblioth., pag. 103.
  2. Plutarc. in Lysandro, pag. 439 ; Antonini Liberalis Metamorphos., cap. XXXIII.
  3. Pausan., lib. I, pag. 39.
  4. Id. ibid.
  5. Plat. in Romulo, pag. 35
  6. Pausan., lib. IX, pag. 294.
  7. Antonini Liberalis Metamorphos., cap. XXXIII, ex Pherecyd.
  8. Diod. Sic, lib. V, cap. IV.
  9. Pausan., lib. IX, pag. 290. Il vivait environ 150 ans après la naissance de Jésus-Christ.
  10. Idem, lib. I, pag. 17.
  11. Voyez la remarque (D) de l’article Teleboes.

(A) Fille d’Électryon. ] Le poëte Asius la fait naître d’Amphiaraüs et d’Ériphyle[1]. D’autres disent bien qu’Électryon était son père ; mais ils lui donnent pour mère Anaxo, fille d’Alcée, fils de Persée[2], et non pas Lysidice, fille de Pélops et d’Hippodamie, que Charles Étienne, Lloyd, Hofman, etc. lui donnent[3]. Le scoliaste de Pindare tient pour Lysidice[4].

(B) Jupiter, faisant semblant d’être le mari d’Alcmène, etc. ] Diodore de Sicile remarque que Jupiter prit ce parti, parce qu’il ne voulait point user de force ; et que, par la voie de la persuasion, il n’espérait rien d’une personne aussi sage que l’était Alc-

  1. Apud Pausaniam, lib. V, pag. 165.
  2. Apollodor. Biblioth., lib. II, pag. 96. Scholiast. Homeri in Iliad. XIV, vs. 323.
  3. Voyez leurs Dictionnaires.
  4. In Olymp., Od. VII.