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ALAMANDUS.

la statue de Minerve en fut enlevée par Sylla, et qu’ensuite le temple commença d’être négligé. Il ajoute que de son temps les murailles s’en étaient fendues, à cause qu’un gros tronc de lierre avait poussé ses branches entre les pierres. Parmi les épithètes de Minerve, celle d’Alalcoménienne, Ἀλαλκομενηΐς, qu’Homère lui donne, n’est pas la moins digne de considération[a]. Plutarque rapporte qu’Ulysse étant né dans Alalcomène, voulut qu’une ville d’Ithaque portât ce nom, afin de mieux conserver la mémoire du lieu où sa mère était accouchée de lui[b]. Étienne de Byzance ne dit rien de cela lorsqu’il parle d’Alalcomène, et il nomme Alcomène la ville de l’île d’Ithaque. Ce que dit M. Moréri, qu’Alalcomène était considérable par le tombeau de Tirésias, et que selon Plutarque elle eut depuis le nom d’Ithaque, est faux[c]. M. Hofman fait encore plus de fautes (B).

    τὴν δὲ θεὸν σεϐόμενοι πάντες ἀπείχοντο πάσης βίας. Nunquàm vastata est, ob reverentiam Deæ omnibus omnem vim abstinentibus. Strabo, lib. IX, p. 285.

  1. Homer. II. Δ, vs. 8. Stat. Theb... lib. VII, vs. 330.
  2. Plutar. Quæstion. Græcarum, p. 301.
  3. Voyez l’article Tirésias.

(A) Alalcoménie...... nourrit Minerve. ] Scaliger prétend, 1°. que Pausanias avoue que quelques-uns ont attribué l’éducation de Minerve à Alalcoménie, fille d’Ogygès ; mais c’est plutôt deviner ce qu’on croit que Pausanias a dû, ou a voulu dire, que s’attacher à la lettre de son texte, comme le reconnaîtront tous ceux qui examineront l’original ; 2°. qu’Étienne de Byzance fait mention de cette fille d’Ogygès[1] ; c’est ce qui ne se trouve point dans l’endroit où cet auteur parle de la ville d’Alalcomène.

(B) M. Hofman fait encore plus de fautes. ] Il dit, 1°., qu’Alalcomène était une ville de Béotie, qui avait pris son nom de l’Alalcomène des Béotiens, denominata a Bœotorum Alalcomenæo. Il est très-certain qu’il prend, après M. Lloyd, ce dernier mot, non pas pour le nom d’un homme, mais pour celui d’une ville[2]. M. Lloyd a raison ; car voici ce qu’il dit : Alalcomenæ urbs Ithacæ denominata à Bœotorum Alalcomenœo, ut Plut. in Hellen. refert p. 537, edit. Steph. afferens simul causam nominis. Tout cela est vrai ; mais comme M. Hofman, au lieu de ces paroles de M. Lloyd, Urbs Ithacæ, a mis Urbs Bœotiæ, et a gardé la suite sans changement, il est tombé dans cette double méprise : c’est que d’un côté, il assure qu’une ville de Béotie a pris son nom d’elle-même, et de l’autre, que c’est Plutarque qui l’a dit. 2°. Il impute faussement à Plutarque d’avoir avancé dans la page 537, que le sépulcre de Tirésias et le temple de Minerve ont rendu célèbre cette ville de Béotie, d’où est venu que le poëte a dit Ἀλαλκομενηΐς Ἀθήνη. M. Lloyd attribue toutes ces mêmes choses à Plutarque, excepté celle qui concerne le tombeau de Tirésias. 3°. M. Hofman nous donne comme une autre ville celle qu’il nomme Alalcomenium, op. Bœotiæ, ad lacum Copaïdem inter Haliartum et Coronæam, templo Minervæ clarum. C’est multiplier les êtres sans nécessité. Je ne pense pas qu’aucun des auteurs cités par Moréri dise que le prince Alalcomène mit dans la ville de ce nom la statue de Vénus.

  1. Scaliger in Euseb., num. 229, pag. 21.
  2. Cette ville est tantôt du genre neutre Ἀλαλκομένιον, tantôt du féminin au singulier, Ἀλαλκομενία, tantôt au pluriel, Ἀλαλκομενιαί. Voyez Berkelius, sur Etienne de Byzance, pag. 89. Il a oublié de dire que Plutarq., Quæst. Græc, p. 301, l’a nommée Ἀλαλκομένειον.

ALAMANDUS (Louis), en français Aleman, archevêque d’Arles et cardinal du titre de sainte Cécile, a été un des grands hommes du XVe. siècle. Ceux qui parlent des affaires où il fut mêlé, l’appellent ordinairement le