bus, ut tertiam habere putaretur[1]. Plusieurs interprètes entendent de lui ces mots d’Horace, et celerem sequi Ajacem[2]. M. Hofman adopte leur explication ; car il confirme par ces paroles l’Οιλῆος ταχὺς ὑιός d’Homère. Je ne savais ce qu’il voulait dire, en confirmant par ces mots grecs ce que le compilateur de son Dictionnaire avait dit touchant la vitesse des pieds d’Ajax : Quod autem supra, Ajacem pedibus velocem fuisse scribit hujusce Dictionarii compilator, Homerum habet authorem. Je trouvais étrange, je trouvais incompréhensible, que M. Hofman parlât du compilateur de son Dictionnaire, comme d’un auteur distinct de lui ; mais enfin, j’ai rencontré la solution de cette énigme. M. Hofman avait tiré mot à mot du Dictionnaire de Lloyd ce que je viens de citer. Dans Lloyd, la chose n’a point de difficulté, parce que cet auteur n’a donné son Dictionnaire que comme une augmentation et une correction de celui d’un autre. Il y a dans les livres un grand nombre d’obscurités qui procèdent du même principe que celle de ce passage de M. Hofman. On ne change point ce qu’il faut changer quand on abrège, ou quand on transplante les passages d’un auteur[3].
(B) Il fut plus facile de le perdre que de l’humilier. ] Minerve avait en quelque manière joué de son reste pour le punir : elle avait excité une tempête furieuse ; il avait vu périr son vaisseau : et néanmoins, il s’était sauvé sur un rocher :
Kαὶ νύ κεν ἔκϕυγε κῆρα, καὶ ἐχθόμενός περ Ἀθήνῃ.
Εἰ μὴ ὑπερϕίαλον ἔπος ἔκϐαλε, καὶ μέγ᾽ ἀάσθη.
E sanè effugisset mortem, quantumvis invisus Palladi,
Nisi impium dictum protulisset, et grave facinus patrâsset[4].
Alors il avait chanté le triomphe avec
un blasphème horrible : Malgré les
Dieux, s’écria-t-il[5], j’en réchapperai :
Φῆ ῤ᾽ ἀέκητι θεῶν ϕυγέειν μέγα λαῖτμα θαλάσσης.
Dixit vel invitis Diis fore ut effugeret ingentes fluctus maris.
Neptune, indigné de cette audace, fendit le rocher en deux avec son trident, de sorte que la portion sur laquelle Ajax était assis tomba dans la mer. C’est ainsi qu’Homère le conte dans le IVe. livre de l’Odyssée. Quintus Calaber particularise les choses avec beaucoup plus d’étendue : il est si prolixe, que ce seul endroit témoigne qu’il n’était pas un grand maître. Quoi qu’il en soit, il nous apprend que Minerve, non contente des foudres que Jupiter lui mit en main, voulut encore que Neptune lui prêtât tous ses orages. La tempête fut la plus horrible qu’on se puisse figurer : Minerve lançait la foudre à tous momens ; elle mit en feu et en pièces le vaisseau d’Ajax : ce furieux homme ne laissa pas de se sauver au travers des ondes les plus agitées, et de braver tous les Dieux sur le rocher qu’il gagna,
Φῆ δἐ καὶ εἰ μάλα πάντες Ὀλύμπιοι εἰς ἒν ἵκονται
Χωόμενοι, καὶ πᾶσαν ἀναςήσωσι θάλασσαν,
Ἐκϕυγέειν[6].
Jactavit autem, etiamsi cuncti cælites in unum convenirent,
Irati, et totum ex imo eruerent mare,
Effugiturum se.
Il fallut, pour venir à bout de lui,
l’accabler sous la chute d’une montagne,
comme l’on en avait usé autrefois
envers Encelade. Sénèque, dans
la tragédie d’Agamemnon, s’accorde
à cela : lisez la première scène du
troisième acte, vous y verrez la description
d’une résistance et d’une fierté
poussées jusqu’aux dernières bornes.
Le Festin de Pierre ne donne rien
qui en approche. On ne souffrirait pas
aujourd’hui que les poëtes portassent si
loin leurs fictions sur le théâtre. Voilà
donc un poëte latin, et deux poëtes
grecs, qui attribuent à Neptune la mort
d’Ajax ; mais Virgile et Hygin[7], en
donnent toute la gloire à Minerve ;
.......Pallasme exurere classem
Argivûm, atque ipsos potuit submergere ponto,
Unius ob noxam et furias Ajacis Oilei ?
Ipsa Jovis rapidum jaculata è nubibus ignem,
Disjecitque rates, evertitque æquora ventis.
Illum expirantem transfixo pectore flammas
Turbine corripuit, scopuloque infixit acuto[8].