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VIE DE M. BAYLE.

à dépayser les lecteurs et à leur donner de change. Cette édition fut achevée d’imprimer vers la fin de novembre : il en reçut des exemplaires le 29 du même mois.

On chercha long-temps en France, parmi les meilleures plumes du parti protestant, l’auteur de la Critique de M. Maimbourg ; et à la fin on se fixa sur M. Claude, qui soutenait glorieusement la cause des réformés. Les amis mêmes de M. Bayle, qui savaient qu’il était l’auteur de la Lettre sur les comètes, ne pensaient point à lui attribuer cette critique, à cause de la différence du style. Ainsi ce fut un pur hasard qui le découvrit, comme il nous l’a appris lui-même en faisant voir qu’il n’y a rien de plus incertain que les conjectures tirées de la différence ou de la conformité du style, pour connaître l’auteur d’un livre. « Je sais par expérience, dit-il [1], que tous les écrits d’un homme ne se ressemblent point. La Critique générale du père Maimbourg fut publiée peu de temps après les Pensées sur les comètes ; cependant personne ne parut croire que ces deux livres venaient de la même main. La première édition. de la Critique fut toute débitée avant que l’on jetât des soupçons sur le véritable auteur : tout le monde le croyait en France. La seconde édition l’aurait peut-être mieux découvert ; mais sans un pur hasard il serait apparemment encore inconnu. Ce hasard fut que cet auteur, répondant à la lettre d’un anonyme que son libraire lui avait envoyée, oublia de prier le libraire de ne donner point l’original de la réponse, mais une copie. Cet anonyme, ami de M. Claude le fils, lui demanda, en lui montrant ma réponse, s’il en connaissait l’écriture. M. Claude lui ayant dit de qui c’était, il n’en fallut pas davantage pour mettre l’auteur dans la nécessité de ne plus faire de mystère. Par la conformité du style on n’aurait jamais découvert la chose ; car, quoique l’auteur n’y tâchât pas, il donna au style de la Critique de Maimbourg un caractère fort différent de celui des Pensées sur les comètes. »

M. Jurieu fit aussi une réponse à M. Maimbourg, mais plus ample et plus détaillée. Elle parut en 1683, sous ce titre : l’Histoire du calvinisme et celle du papisme mises en parallèle ; ou Apologie pour les réformateurs, pour la réformation, et pour les réformés ; divisée en quatre parties ; contre un libelle intitulé, l’Histoire du calvinisme par M. Maimbourg [2]. Ce livre était bien écrit ; l’auteur y réfutait M. Maimbourg avec beaucoup de force ; mais on n’y trouvait pas ce tour aisé et naturel, ces réflexions vives et piquantes, cette manière de relever sans aigreur les défauts de son adversaire et de traiter les matières de controverse sans emportement ; ce qui faisait le ca-

  1. Cabale chimérique, p. 204, 205.
  2. On l’imprima en 2 volumes in-4o., et en 4 volumes in-12.