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VIE DE M. BAYLE.

ne soit soutenu du témoignage de quelque autre digne de foi. » M. *** [* 1] nous apprend qu’il avait forme le dessein de faire aussi des corrections et des additions au Patiniana [* 2], mais que quelques raisons l’avaient obligé de se restreindre au Naudæana. Le père de Vitry envoya à M. Bayle des additions au Naudæana, et M. Bayle les fit imprimer à Amsterdam avec le Naudæana et le Patiniana, sous le titre de seconde édition, revue, corrigée et augmentée d’additions au Naudæana qui ne sont point dans l’édition de Paris [1]. Cette seconde édition parut au mois d’avril 1702, quoique le libraire, pour lui donner plus long-temps un air de nouveauté, l’ait datée de 1703. M. Bayle y ajouta un avertissement sous le nom du libraire, où il dit que cette édition était incomparablement meilleure que celle de Paris ; qu’on y avait corrigé un très-grand nombre de fautes qui défiguraient si fort les noms propres, qu’ils en étaient méconnaissables ; qu’on avait mis ensemble les endroits qui appartenaient à la même personne, et qui se trouvaient dispersés çà et là dans l’édition de Paris ; et qu’enfin, ce qui était beaucoup plus considérable, on donnait des supplémens très-curieux et fort nécessaires, dont le manuscrit était venu de France [2].

1703.

La seconde édition du Dictionnaire critique avait fatigué M. Bayle. Pour se délasser il composa un ouvrage intitulé, Réponse aux Questions d’un Provincial [3]. Dans la préface, il avertit qu’en composant cette Réponse il s’était proposé de faire un livre qui tînt le milieu entre ceux qui servent aux heures d’étude, et ceux qui servent aux heures de récréation. Dans cette vue il se contente de couler légèrement sur certaines choses qui auraient pu être approfondies : il passe promptement d’une matière à une autre, afin d’introduire la variété ; et, lorsqu’il a fallu donner quelque suite à certains sujets, il le fait de telle sorte, que chaque chapitre les représente par des côtés différens. Il remarque qu’il aurait pu employer certaines pensées, ou certains faits qui ont une liaison essentielle avec les choses qu’il a dites ; mais qu’il s’en était abstenu, pour ne pas répéter des choses très-connues. Il ne doute point que certains lecteurs ne jugent qu’il y a un peu trop de citations : mais il fait voir que cette plainte est injuste. C’est aller contre la nature des choses, dit-il, que de prétendre que dans un ouvrage destiné à prouver et à éclair-

  1. * Lancelot.
  2. * L’édition de Paris du Naudæana et Patiniana contient l’approbation que voici :

    « J’ai leu un manuscrit intitulé, Mixta colloquia et varii sermones eruditorum virorum Guidonis Patini et Gabrielis Naudæi, ai paraphé les feuillets au nombre de 87, et en retranchant quelques endroits que j’ai marquez, ni (sic) ait (sic) rien trouvé qui en puisse empêcher l’impression, si monseigneur le chancelier a agréable d’en accorder le privilége. Fait le 26 juillet 1699.

     » Signé Cousin. »

    Je possède une copie manuscrite du Patiniana dans laquelle se trouvent par-ci par-là des phrases et même des articles qui doivent faire partie de ceux dont le président Cousin exigea la suppression.

  1. Ch. François van der Plaats, MDCCIII.
  2. Voyez la lettre à M. Marais, du 6 de mars 1702, p. 863.
  3. À Rotterdam, chez Reinier Leers, MDCCIV.