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VIE DE M. BAYLE.

de publier malicieusement, touchant un certain projet de paix et touchant le libelle intitulé : Avis important aux réfugiés sur leur prochain retour en France, dans son Examen de ce libelle. À Cologne, chez Pierre Marteau, M. DC. XCI., in-12.

Dans cette édition, M. Bayle poussa très-vivement M. Jurieu sur l’accusation d’athéisme : il insista sur cet article par tout ce qui en pouvait marquer l’importance ; il somma son accusateur de le prouver ; il employa les défis, les insultes, en un mot ce qu’il y a au monde de plus capable d’imposer à la partie adverse la nécessité de fournir ses preuves [1]. M. Jurieu, se voyant ainsi pressé, s’adressa à son consistoire et promit de justifier son accusation ; mais il s’en désista peu de jours après et s’offrit seulement de servir de commissaire à la compagnie si elle voulait le charger de quelques mémoires, ce qui la surprit extrêmement [2]. Il avait harangué dans le consistoire plus d’une fois contre M. Bayle avec le dernier emportement, jusques à déclarer qu’il ne voulait pas plus de réconciliation avec lui qu’avec le diable [3]. Il s’efforça inutilement de faire casser les actes du consistoire qui portaient, entre autres choses, qu’il s’était désisté des accusations qu’il avait intentées contre M. Bayle, touchant la religion, et qu’il ne pourrait porter en première instance qu’au consistoire les plaintes qu’il pourrait avoir à faire contre lui [4]. Cependant il publia un écrit intitulé : Courte revue des maximes de morale et des principes de religion de l’auteur des Pensées diverses sur les comètes, et de la Critique générale sur l’Histoire du calvinisme de Maimbourg, pour servir de factum aux juges ecclésiastiques s’ils en veulent connaître [5]. Il y rapporta quelques endroits de ces deux ouvrages, et tâcha de faire voir qu’ils portaient à l’irréligion. Le même jour que cet écrit tomba entre les mains de M. Bayle, il en publia un sous ce titre : Déclaration de M. Bayle, professeur en philosophie et en histoire à Rotterdam, touchant un petit écrit qui vient de paraître sous le titre de Courte revue des maximes de morale, etc. [6]. M. Bayle fit voir que M. Jurieu changeait l’état de la question ; il le somma de nouveau de prouver l’accusation d’athéisme, et s’engagea de se justifier de toute hétérodoxie dès que ce premier et principal point serait vidé. Il ajouta quelques propositions extraites des livres de M. Jurieu, pour servir d’addition à celles dont on avait demandé la condamnation au synode tenu à Leyde au commencement de mai 1691. « La Courte revue, ayant été distribuée au consistoire, fit prendre la résolution d’examiner un procès aussi important que celui-là ; mais d’ailleurs on ne fonda ni sur les discours, ni sur les écrits de l’accusateur, aucun

  1. Pag. 337.
  2. Chimère démontrée, p. 14.
  3. Ibid., p. 30.
  4. Lettre à M. Lenfant, du 24 août 1691, p. 389.
  5. In-4°., pag. 8.
  6. In-12, pag. 24.