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VIE DE M. BAYLE.

de concert par plusieurs personnes. »

M. Bayle avait fini la troisième partie du Commentaire philosophique, et l’avait donnée à l’imprimeur avant de tomber malade. L’impression en fut achevée avant la fin de février ; mais il n’en reçut des exemplaires que le 20 de juin. Elle est intitulée : Commentaire philosophique sur ces paroles de Jésus-Christ, Contrains-les d’entrer ; troisième partie, contenant la refutation de l’apologie que saint Augustin a faite des convertisseurs à contrainte. A Cantorbery, chez Thomas Litwel, 1687. On y réfute deux lettres de saint Augustin : l’une écrite à un évêque donatiste nommé Vincent, qui avait témoigné à ce père combien il était surpris de son inconstance, en ce qu’ayant cru autrefois qu’il ne fallait point employer l’autorité des puissances séculières contre les hérétiques, mais seulement la parole de Dieu et les raisons, il soutenait alors tout le contraire ; et l’autre, adressée à Boniface, qui exerçait la charge de tribun dans l’Afrique, où saint Augustin prétend qu’on peut employer le bras séculier pour détruire les hérétiques. L’archevêque de Paris avait fait imprimer ces deux lettres en 1685, précédées d’une longue préface intitulée : Conformité de la conduite de l’église de France pour ramener les protestans, avec celle de l’église d’Afrique pour ramener les donatistes à l’église catholique. C’est aussi le titre de tout le livre. M. Bayle avait réfuté quelques endroits de cette préface dans son discours préliminaire. Il ne se borna pas ici aux deux lettres dont je viens de parler ; il répondit aussi à ce que saint Augustin avait dit sur cette matière dans quelques autres lettres.

Dès qu’il eut vu la réponse de M. Jurieu, il écrivit une lettre à son libraire, datée de Londres, le 2030 de mai 1687. « Si vous avez, lui dit-il, encore du temps pour cela (et il n’importe que vous ayez déjà vendu quelques exemplaires), je vous prie, monsieur, de publier ce qui suit à la tête de la 3e. partie. » Il dit ensuite qu’il vient de lire le traité Des droits des deux souverains, etc., contre un livre intitulé Commentaire philosophique, etc., et qu’il l’a trouvé une fausse et très-faible attaque de ce commentaire. « L’auteur, ajoute-t-il, avoue dès l’entrée que, malgré lui et la nature, son chagrin et la volonté d’un de ses amis le vont ériger en auteur. C’est avoir peu de jugement que d’avouer une telle chose. Le chagrin ne doit pas entrer dans la composition d’un ouvrage...... Son ouvrage est vicieux dans les endroits qui devraient être le plus essentiellement solides, puisqu’il ne roule que sur une fausse position de l’état de la question et qu’il s’y bat contre un fantôme, je veux dire contre une opinion qu’il m’impute faussement. Il se tue de prouver que l’on pèche et que l’on offense Dieu très-souvent en agissant selon les lumières de la conscience. Qui lui nie cela ? Ne l’ai-je pas dit très-clairement en plus d’un lieu ? Il