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XÉNOPHANES.

qui a paru plusieurs siècles après lui, a emprunté cette pensée, lorsqu’il a dit au commencement de son septième livre, que les biens que la nature nous fait sont mêlés de tant de maux, qu’il ne sait si, parens melior homini an tristior noverca fuerit [1].

    gner aux lecteurs La peine de cette sorte de réflexions. Je sais bien qu’on ne le peut faire toujours, et je me dispense tout le premier de ces règles trop gênantes ; mais la chose était facile ici, en disant Pline tout court. Rem. de M. Bayle.

  1. Tout ceci est tiré, tant bien que mal, du Dictionnaire de M. Bayle. Dans le Moréri de 1725, après ces paroles, il admettait quatre élémens, et une infinité de mondes, on a ajouté, croyait que la lune était un pays habité, et avait plusieurs autres principes impies, que l’on peut voir dans Bayle. Mais pourquoi mettre au nombre des principes impies de Xénophanes, d’avoir cru que la lune est un pays habité : sentiment qui lui fait, au contraire, beaucoup d’honneur, comme l’a remarqué M. Bayle ? Nouv. Observ.

Voilà les remarques que j’ai faites sur la dernière édition de Moréri ; j’en eu [* 1] pu faire un plus grand nombre ; mais j’ai été bien aise de pressentir le goût du public : s’il les agrée, et qu’il les juge utiles à une nouvelle édition, j’en pourrai donner la suite.

Je ne dois pas cependant finir sans dire un mot des additions considérables qu’on trouve dans la nouvelle édition de 1704. Elle contient plusieurs articles qui n’étaient point dans les premières : comme des dissertations, des généalogies, et d’autres remarques importantes. Par exemple, on trouve dans le premier volume une dissertation très-curieuse sur l’altesse royale, qu’on a donnée à tant de princes depuis quelques années. L’article qui regarde M. de Sallo (le père et l’auteur de tous les journaux) a été corrigé [a] avec beaucoup

  1. * Voyez la remarque (a) pag. 437.
  1. On m’a dit pourtant qu’une faute d’arithmétique qui a passé d’édition en édition n’a point été corrigée dans celle de 1704 non plus que dans celle de 1699. Cette faute est de dire que M. de Sallo, né en 1626, mourut l’an 1669 âgé de quarante-neuf ans. Il est visible, sur ces années de naissance et de mort, qu’il n’a vécu que quarante-trois ans. (Cette faute avait passé dans les éditions de 1707, 1712 et 1718 ; elle n’a été corrigée que dans celle de 1725. Nouv. Observ.) Il eût été à souhaiter que l’éditeur eût réfuté un mensonge qui diffame cruellement M. de Sallo, et qui ayant été d’abord débité par le chartreux qui s’est masqué sous le nom de Vigneul Marville, a déjà paru dans un livre latin publié en Allemagne, et passera sans doute de livre en livre et de pays en pays en peu de temps, si l’on ne prévient cette malheureuse propagation. C’est pourquoi j’assure ici comme une chose qui vient de M. l’abhé Gallois, qu’il n’y a rien de plus faux que ce passage de Vigneul Marville (tom. 1 des Mélanges, pag 304) que M. Sallo mourut en 1665, d’une maladie à laquelle les enfans des Muses ne sont guère sujets, et pour laquelle il n’y a point de remède dans Hippocrate ni dans Galien ; car il mourut de déplaisir d’avoir perdu cent mille écus, c’est-à-dire tout son bien au jeu. Il est certain qu’il mourut en 1669, sans que le jeu y eût rien contribué. Le livre d’un docte Allemand (M. Struve) où ce passage de Vigneul Marville a été cité pag. 79, fut imprimé à Iène l’an 1704, sous le titre de Introductio ad notitiam rei litterariæ et usum Bibliothecarum. Il y a lieu d’être bien surpris que M. de Sallo, ayant laissé des enfans et des amis, personne ne se soit opposé à un mensonge public qui le diffame si cruellement, et que les Journalistes des Savans [Bayle veut dire les rédacteurs du Journal des Savans] intéressés à sa gloire plus que d’autres, et qui n’ont pas épargné Vigneul Marville sur d’autres choses, l’aient épargné sur celle-là. [J. Christ. Fischer qui a donné à Francfort, à Leipsig, en 1754, une sixième édition, augmentée, de l’ouvrage de Struvius, dit, dans une note page 482, que le conte de Bonaventure d’Argonne, qui a écrit sous le nom de Vigneul Marville, a été réfuté par Desmaizeaux dans ses Remarques sur les Lettres de Bayle, et par Camusat dans son Histoire critique des Journaux, page 237 ; c’est de la page 50 à la page 54 qu’il en est question. Jean Frédéric Jugler, à qui l’on doit aussi une nouvelle édition du Struvius, mais sous le titre de Bibliotheca Historiæ, litterariæ selecta, Iena, 1754-1763, 3 vol.