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XÉNOPHANES.

    Glossâ, in-fol., et y joignit cette espèce d’avertissement énigmatique, à la manière des premiers imprimeurs : Institutionum præsens opus insigne...... Johannes de Paderborne in Westphaliâ almâ in universitate Lovaniensi residens non fluviali calamo sed arte quâdam characterisandi modernissimâ suo proprio signo consignando feliciter consummavit anno incarnationis Dominicæ M. CCCC. LXXV., mensis novembris die XXI, etc. Vingt ans après il imprima Aur. Augustinus in libr. de Trinitate, Lovanii per Johannem Padelboern de Westphaliâ, fol. À la fin du livre on trouve ceci :

    Numine sancte tuo Pater ô tueare Johannem
    Padelborn, præsens qui tibi pressit opus.

    Lovanii per Johannem Padelboern de Westphaliâ in profesto nativitatis Christi finiente anno nonagesimo quinto. Voyez les Annales Typographiques de M. Maittaire, tom. 1. Nouv. Observ.

X.

XÉNOPHANES. L’article de ce philosophe est bien mutilé : à juger de sa doctrine par ce que l’on en a dit dans la nouvelle édition du Dictionnaire historique, et par ce qu’en ont dit Diogène Laërce dans la vie des philosophes, et Cicéron dans son livre, De naturâ Deorum, on serait volontiers tenté de croire que ce sont deux personnages différens : l’éditeur nous dit simplement qu’il admettait quatre élémens, et une infinité de mondes. Si toute sa doctrine avait été réduite à ces deux chefs principaux, aurait-elle paru si pernicieuse à quelques savans ? et leur aurait-elle donné lieu d’inférer que Spinosa avait puisé les fonds de son système impie des principes de cet ancien philosophe ? Qu’aurait-elle enfin cette doctrine, de plus que ce que le célèbre M. Huygens, et M. de Fontenelle nous ont appris dans leurs ingénieux ouvrages ? Mais Xénophanes avait bien d’autres principes ; il disait précisément que l’entendement est Dieu, et que tout ce qui est infini est Dieu. Eusèbe de Césarée lui reproche d’avoir enseigné que la nature est éternelle à priori et à posteriori, et qu’elle est toujours semblable à soi-même. Si nous en croyons la conjecture d’un savant critique, et philosophe prétendait que l’entendement divin a tâché de donner à toutes les créatures un état de perfection ; mais qu’ayant trouvé dans la matière d’invincibles obstacles, il n’a pu toujours exécuter ses desseins ; et qu’ainsi il a été contraint, en certaines occasions, de produire de mauvaises choses : et voilà sans doute la source détestable d’où Manès a tiré la doctrine de ses deux principes, l’un auteur de tout bien, et l’autre auteur de tout mal. Ce n’est pas qu’à prendre le principe sous une certaine face, ne soit susceptible d’une interprétation favorable ; car si ce philosophe a voulu dire que les douceurs de la vie n’égalent pas les amertumes qui l’accompagnent, on jugera aisément qu’il n’avait pas beaucoup de tort, et que sa moralité n’est pas souvent hors d’œuvre ; et je crois que c’est de Xénophanes que le célèbre historien de la nature [a],

  1. Ce qui se rapporte à le célèbre historien (c’est-à-dire Pline) ; mais, selon la rigueur de la grammaire française, il devrait se rapporter à la nature, qui est son substantif plus voisin, et c’est là qu’un lecteur le rapporterait, si la réflexion ne l’en détournait. Or, autant qu’il est possible, il faut épar-