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PELLISSON. PÉNÉLOPE.

deux frères qui furent chefs de la secte des pauliciens. Si l’éditeur s’était donné la peine de lire l’Histoire des Variations du célèbre évêque de Meaux, il aurait vu dans le onzième livre que ces deux frères vivaient dans le septième siècle, et non pas dans le huitième, comme il l’a trop légèrement avancé sur la foi de ceux qui avaient compilé avant lui le grand Dictionnaire historique [1]. Le dogme fondamental de ces hérétiques était l’existence de deux principes co-éternels et indépendans l’un de l’autre.

  1. Dans la dernière édition on a mis, après M. Bayle, que les Pauliciens furent ainsi appelés du nom d’un certain Paul, qui s’en fit le chef en Arménie dans le VIIe. siècle. Nouv. Observ.

PELLISSON. Je ne sais pas si l’éditeur a voulu corriger dans cet article M. Bayle, au sujet de Raymond Pellisson, un des aïeux de M. Pellisson de l’Académie française : dans le Dictionnaire critique, Raymond Pellisson est premier président du parlement ou sénat de Chambéry : et dans la nouvelle édition de Moréri on change cette qualité en celle de premier président de Dauphiné. Il est pourtant très-sûr que ce Raymond a été premier président du sénat de Savoie, et non du parlement du Dauphiné : c’est un fait de notoriété [1].

  1. Dans l’édition de 1725 on trouve que Raimond Pélisson fut fait, en 1537, président au sénat de Chambéry, et commandant en Savoie. M. Bayle a cité Borel, Tresor des Antiquités Gauloises et Françaises, qui dit que Raimond Pélisson était premier président à Chambéry : cependant notre auteur s’exprime comme si M. Bayle avait dit cela de son chef. Nouv. Observ.

PÉNÉLOPE. J’ai été surpris de trouver dans l’article de cette reine d’Itaque la question, si Homère avait été véritablement un de ses amans, si peu éclaircie. L’éditeur se contente de nous dire en termes généraux que quelques auteurs ont écrit qu’Homère n’avait tant loué Pénélope que parce qu’il en avait été amoureux. Il aurait pu trancher sur la négative, s’il avait pris la peine de lire les notes de Mézyriac sur les Épîtres d’Ovide : cet habile homme apporte des raisons démonstratives [a] pour prouver que Pénélope fut une femme tres-chaste ; d’ailleurs ce qu’Ausone en dit dans sa cent trente-cinquième épigramme [b] est une preuve sans réplique de sa vertu. Les baisers de Pénélope ne furent presque pas connus durant un si grand nombre d’années à Télémaque son fils, parce qu’il était un autre que son mari à qui elle destinait toutes ses caresses. Je conviens que Floridus Sabinus dans son livre des Lectionum subcisivarum, Lycophron, Hérodote, et Dempstérus dans ses Paralipomènes, n’ont pas tenu le même langage : mais enfin

  1. Les lecteurs auront quelque peine à comprendre le raisonnement de notre auteur ; car, pour prouver qu’il est faux qu’Homère n’ait tant loué Pénélope que parce qu’il en était amoureux, il faudrait d’autres raisons que celle-ci, c’est que Pénélope fut très-chaste ; et néanmoins il n’emploie que cette raison. D’ailleurs il ne pense pas que Méziriac ait prouvé par des raisons démonstratives que Pénélope fut une femme très-chaste, ni même qu’il ait entrepris de réfuter ceux qui ont médit d’elle. Rem. de M. Bayle.
  2. Cette épigramme n’est point une preuve. Ausone fait parler Pénélope, ce n’est donc qu’un témoignage qu’elle se rend, et l’on pourrait seulement en inférer que ce poëte avait fort bonne opinion de la vertu de cette dame. Chacun voit la différence qu’il y a entre louer une femme, et montrer par des preuves sans réplique qu’elle a été vertueuse. Rem. de M. Bayle.