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MONTROSE. MORIGGIA.

[a] les plus supportables sont en vers non rimés ; le premier est intitulé, le Paradis perdu ; le second, le Paradis recouvré. Le premier est beaucoup meilleur que le second : c’est ce qui a donné lieu à quelques personnes de dire que l’on trouve bien Milton dans le Paradis perdu ; mais non pas dans le Paradis recouvré. Saumaise fut le grand [b] adversaire de Milton, il le décrédita beaucoup.

  1. Il faut savoir que ces deux poëmes sont en anglais, et qu’ils passent pour des chefs-d’œuvre. Rem. de M. Bayle.
  2. Ceci est trop vague : Saumaise, ayant fait une apologie pour Charles Ier., fut réfuté par Milton. Il travailla à une réplique qui n’a été imprimée que long-temps après sa mort. Il est donc certain qu’il n’a publié quoi que ce soit contre Milton. Cela suffit il a pouvoir dire qu’il fut son grand adversaire ? Rem. de M. Bayle.

    tant que c’est une faction tyrannique qui opprime toutes les autres. 5°. Les éditeurs ont allongé cet article par le récit de ce qui se passa à Oxford en 1683. L’Université d’Oxford, disent-ils, assemblée en corps le 2 juillet, (il fallait dire le 21 juillet) 1683, déclara hérétiques et scandaleuses XXVII propositions extraites des ouvrages de Milton, et contraires aux devoirs des sujets envers leur roi, etc. Mais ces XXVII propositions n’étaient pas toutes extraites de Milton : il y en avait plusieurs tirées de Knox, de Buchanan, de Baxter, et de quelques autres écrivains anglais et écossais. On ajoute, les Anglais changèrent bien de sentiment dans la suite ; et Bayle même qui les avait loués en ce temps-là, (dans ses Nouvelles de la République des lettres, avril 1684, art. III, p. m. 141). On ne devait pas dire que M. Bayle a changé de sentiment dans la suite, sans en donner des preuves. À l’égard des Anglais, il serait facile de faire voir qu’ils n’ont point changé de sentiment. Par les Anglais, il ne faut pas entendre la cour, ni l’université d’Oxford, mais la nation anglaise en général : et si on consulte l’histoire de ce temps-là, on verra que la nation anglaise était très-opposée au despotisme que la cour s’efforçait d’introduire ; et que l’esprit de liberté qui régnait dans les deux derniers parlemens de Charles II fut cause qu’on les cassa. 6°. Dans la nouvelle édition du Moréri on pourra ajouter que le 23 de mars 1710, la chambre des seigneurs fit brûler par la main du bourreau la Déclaration de l’université d’Oxford, dont on vient de parler. Nouv. Observ.

MONTROSE. Il est étonnant qu’en parlant de ce marquis on ait oublié son nom de famille : c’est la première chose qu’on doit remarquer en parlant d’une personne distinguée ; et quand on omet une circonstance si essentielle à l’histoire, il est à craindre que tout le corps de l’article ne se sente de la négligence de l’auteur. Mais ce ne serait pas assez de faire remarquer au lecteur l’omission, si je ne la réparais : il faut donc lui apprendre que le nom du marquis de Montrose était Jean Grème [1].

  1. Ce marquis ne s’appelait pas Jean Grème. Dans l’édition de 1712 on a mis Jacques Gremme ; et dans celle de 1725, Jacques Gremme ou Grahame. Jacques est bien ; mais on n’a jamais écrit Grème ni Gremme. Si on avait consulté quelque livre anglais, on aurait vu qu’il fallait mettre Graham. Il est vrai que la prononciation de Graham approche de notre Gréam ou Grème : mais il n’est pas permis de changer l’orthographe des noms étrangers, et d’en exprimer la prononciation selon l’orthographe française. C’est le moyen de les rendre méconnaissables. Si on écrivait, par exemple, Lak ou Lac, qui pourrait deviner qu’on parle de M. Locke, ce célèbre philosophe ? Au reste, dans l’édition de 1712, on avait mal écrit Mont-Rose, et rangé cet article parmi les noms séparés de cette manière : dans celle de 1725 on a bien mis Montrose ; mais par-là on a déplacé cet article, puisqu’il se trouve ayant celui de Montagnana, de Montagne, etc.

    J’ajouterai ici qu’en parlant du marquis de Montrose, on aurait dû remarquer, après le père d’Orléans, que ce seigneur avait d’abord suivi le torrent, et porté les armes pour la cause de la liberté. Il fallait aussi marquer les raisons que les Écossais alléguèrent pour justifier la manière dont ils le : firent mourir ; etc. Les lois de l’histoire demandent qu’on rapporte le pour et le contre. Enfin, on pouvait consulter des auteurs plus fidèles et mieux instruits que ne l’étaient Du Verdier et l’abbé Raguenet, qui sont cités à la fin de cet article. Nouv. Observ.

MORIGGIA. On confond dans cet article les jésuites et les jésuates, puisqu’on donne la qualité de