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LUCIEN. LUCIUS BRUTUS. LYCURGUE.

LUCIEN. On remarque sans peine que l’éditeur a voulu corriger le langage de Moréri sur la Métamorphose, ou l’Âne d’or d’Apulée ; cependant il n’a pas rendu le sien assez exact dans cette occasion, car dire que l’Âne d’or est une paraphrase du même sujet que Lucien avait pris dans Lucius de Patras, auteur d’un livre de Métamorphoses, ou transformations, dont parle Photius, n’est point une locution exacte ; et ce n’est pas dire que Lucius de Patras avait été abrégé par Lucien et paraphrasé par Apulée : c’est ainsi cependant que cet article devait être réformé[1]. De même, en parlant d’Apulée de Madame[2], devait-on oublier dans l’énumération de ses ouvrages, les lettres à Corellia, qui sont à la vérité écrites dans un style fort libre, et ses autres traités de Republicâ, de Numeris, de Musicâ, et ses Ludicra, dont il parle lui-même dans son Apologie[3] ? C’est[a] un poëme assez ingénieux[4].

  1. Il y a beaucoup d’apparence que le Ludicra d’Apulée était au recueil de diverses pièces dont quelques-unes étaient en vers, et les autres en prose. Il dit qu’on lui avait objecté une lettre contenue dans ce recueil, laquelle était en vers, et traitait du soin de tenir ses dents bien nettes, de Dentifricio. Cela ne prouve point que le Ludicra fût un poëme. Rem. de M. Bayle.
  1. Notre auteur a tiré cette remarque de M. Bayle, à l’article d’Apulée, rem. M. On n’a rien changé dans la dernière édition du Moréri, excepté qu’au lieu de dire que Lucien avait pris dans Lucius de Patras, on a mis pris de Lucius de Patras ; mais Lucius de Patras était bien. Nouv. Observ.
  2. De la manière dont notre auteur s’exprime, on pourrait croire qu’Apulée de Madaure est différent de l’Apulée dont il a parlé : c’est pourtant le même. Nouv. Observ.
  3. On n’a rien ajouté là-dessus dans cette édition. Nouv. Observ.
  4. Notre critique ayant trouvé dans M. Bayle ces paroles d’Apulée, legerunt à Ludicris meis epistolium de Dentifricio, versibus scriptum, s’est imaginé que le Ludicra d’Apulée était un poëme ; et, quoique nous n’ayons plus cet ouvrage, il en parle néanmoins comme s’il l’avait lu, et nous assure que c’est un poëme assez ingénieux. Nouv. Observ.

LUCIUS BRUTUS. Moréri a suivi l’autorité de Denys d’Halicarnasse, préférablement à celle de Tite-Live, au sujet de ce généreux citoyen romain. Denys d’Halicarnasse le fait fils d’une fille de Tarquinius Priscus, roi de Rome, qui était sœur[a] de Tarquin, au lieu que Tite-Live le fait fils de Tarquinia, sœur du dernier Tarquin. M. Bayle démontre avec une évidence à laquelle on ne peut pas résister, que le sentiment de Denys d’Halicarnasse en cette occasion est insoutenable, et qu’il faut nécessairement suivre celui de Tite-Live ; j’y renvoie le lecteur[1].

  1. Ceci est fort obscur ; car de quel Tarquin faut-il entendre que la fille de Tarquinius Priscus était sœur ? est-ce du dernier Tarquin ? mais en ce cas-là l’opinion de Denys d’Halicarnasse, que notre auteur rejette, ne serait point différente de celle de Tite-Live qu’il veut qu’on suive ; et il faudrait prétendre que Tarquinius Priscus était père du dernier Tarquin, ce qui est insoutenable, comme Denys d’Halicarnasse l’a démontré. Le Tarquin dont on dit ici qu’il était frère de la mère de Brutus, laquelle on fait fille de Tarquinins Priscus, serait nécessairement fils de Tarquinius Priscus ; mais l’histoire ne nous marque rien d’un tel fils, sinon qu’il mourut avant son père, et qu’il laissa deux fils. Voyez Denys d’Halicarnasse au commencement du livre 4. Rem. de M. Bayle.
  1. Dans l’édition de 1712 et suiv. on a mis que Lucius Junius Brutus était fils d’une sœur de Tarquin, roi de Rome, et neveu de Tarquin le Superbe. Nouv. Observ.

LYCURGUE. On a fait quelque changement à cet article, j’en conviens, et il n’est pas si