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JACQUES II. SAINT JUSTIN.

de l’erreur. Barthius naquit le 22 juin de l’année 1587, et il mourut le 17 septembre 1658 ; il n’y a qu’à compter [1]. Cet auteur, si célèbre parmi les savans, a été fort maltraité par Vossius, et il maltraita fort à son tour Scioppius, dont il fut un des plus rudes adversaires. Barthius était un fécond écrivain ; et si on est en droit de lui reprocher quelque chose sur les ouvrages qu’il donnait au public, c’est la facilité avec laquelle il les composait.

  1. Dans la dernière édition on a mis que Barthius mourut le 17 de septembre 1658 ; ce qu’on a tiré de M. Bayle, que l’on cite. Au reste, notre auteur aurait dû parler de Barthius sous la lettre B et non pas sous la lettre G : mais ce mauvais arrangement lui est assez ordinaire. Nouv. Observ.
I.

JACQUES II. Dans tous les articles où il est parlé du feu roi d’Angleterre Jacques II on place sa mort sous l’année 1702 ; il est étonnant qu’à trois ou quatre années de distance d’un événement, on s’y trompe déjà d’une année. Où en serait-on donc si ce prince était mort depuis trente ou quarante ans ? C’est une faute inexcusable, puisque, pour l’éviter, l’éditeur n’avait qu’à prendre le premier almanach qui lui serait tombé sous la main ; il y aurait appris que ce prince mourut en 1701, et il aurait fixé par-là sa chronologie [1].

  1. On a corrigé cette faute dans les dernières éditions. Nouv. Observ.

JUSTIN (Saint). Dans l’article de ce père l’éditeur ne devait pas oublier de dire qu’il fut un des plus grands adversaires d’Aristote. S’il avait consulté le septième livre d’Eusèbe, et la Bibliothéque des auteurs ecclésiastiques de saint Jérôme, il eût pu voir avec quelle ardeur [a] ce père de l’église se déchaîna contre le prince des philosophes. Il publia un Traité lequel il réfutait plusieurs dogmes de la philosophie d’Aristote, et où il faisait voir les conséquences pernicieuses qu’on en pouvait tirer [1]. En parcourant les siècles, on en trouverait peu qui n’aient fourni des adversaires de la philosophie péripatéticienne : il est vrai que tous ceux qui l’ont attaquée n’ont pas également réussi à la décrier ; il semble qu’il était réservé à [b] M. Descartes de lui porter les plus rudes coups.

  1. Tout ceci a besoin d’un correctif ; car, 1°. il eût fallu indiquer de quel ouvrage d’Eusèbe le septième livre devait être consulté, si c’était de l’Histoire Ecclésiastique, ou de la Préparation Évangélique, ou de la Démonstration Évangétique ; 2°. Dans le dénombrement qu’Eusèbe nous a laissé des livres de saint Justin, au chap. 18 du 4e. livre de l’Histoire Ecclésiastique, on ne voit nulle mention d’aucun traité contre Aristote ; 3°. La Bibliothéque des auteurs ecclésiastiques de saint Jérôme ne fait non plus aucune mention d’un pareil Traité de saint Justin ; 4°. Le traité contre Aristote, qui paraît parmi les Œuvres de saint Justin, passe pour supposé. Voyez la Bibliothéque de M. du Pin, dans l’article de ce père de l’église. Rem. de M. Bayle.
  2. M. Descartes s’est peu attaché à réfuter en détail le système des péripatéticiens : le mal qu’il lui a fait vient de ce qu’il a posé d’autres principes qui ont dégoûté de la philosophie de l’école. C’est Gassendi qui a fait voir que des attaques en forme la fausseté des doctrines des péripatéticiens. Rem. de M. Bayle.
  1. Dans l’édition de 1712 et suivantes on trouve seulement que Photius fait mention, de quelques Traités de Justin, contre Marcion et contre Aristote. Nouv. Observ.