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PRÉFACE
DE
M. BAYLE
Sur la seconde édition de ces Remarques critiques.

Il y a peu de livres d’une utilité aussi générale qu’un Dictionnaire historique. Le public en est tellement convaincu, qu’encore que personne n’ait ignoré que le Dictionnaire de Moréri, depuis même qu’on l’avait corrigé diverses fois, était plein de fautes, il s’en est vendu un très-grand nombre d’éditions. C’est donc rendre un fort bon service à la république des lettres que de contribuer à la correction de ce Dictionnaire : voilà pourquoi l’on a cru qu’il fallait réimprimer en ce pays-ci les remarques critiques qu’un anonyme a publiées à Paris sur la dernière édition du Moréri. Elles peuvent servir et à ceux qui l’ont acheté, et encore plus à ceux qui travailleront de nouveau à le corriger.

Cette dernière édition du Moréri aussi-bien que celle de Paris, 1699, ont été faites sur la révision de M. Vaultier, et sont sans doute beaucoup meilleures que les précédentes ; car outre que M. Vaultier est très-habile, la grande vivacité de son esprit ne l’empêche pas d’être fort laborieux et capable d’une très-longue et très-profonde application. Cette dernière qualité est absolument nécessaire à ceux qui corrigent un ouvrage aussi étendu et aussi défectueux que le Dictionnaire de Moréri ; mais en quelque degré qu’on la possède, il ne paraît point possible qu’un seul homme vienne à bout de perfectionner cet ouvrage, car il y a de petits soins qu’un grand esprit ne saurait prendre, ils sont trop au-dessous de lui, il ne s’applique volontiers qu’à la correction des défauts les plus répandus dans la masse de l’ouvrage ; et pendant qu’il donne sa principale attention à cela, peut-il remarquer une fausse date, un nom propre mal écrit, et plusieurs autres détails dont il faudrait laisser toute entière la révision à un homme doué de plus de patience et de critique vétilleuse que de vivacité de génie ? Ceux qui prendront garde à cela liront les remarques de l’anonyme sur l’édition 1704, sans diminuer les louanges que