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SUR LE PRÉTENDU JUGEMENT DU PUBLIC.

nistre qu’un synode a déclaré orthodoxe.

XXVII. Le onzième extrait assure que M. l’abbé Renaudot me taxe de beaucoup de méprises dans l’histoire, la géographie, la chronologie, et autres sciences. Cela n’est pas vrai, il dit seulement ; 1°. qu’il y a beaucoup de faussetés dans mon ouvrage ; 2°. que dans les articles d’érudition un peu recherchés je fais plus de fautes que Moréri. Les faussetés qu’il entend concernent ce que je rapporte, ou entre les papes, etc., ou à la gloire des réformateurs, etc. En vertu de ses préjugés, il présuppose qu’il y a là bien des mensonges. Mais en tout cas ce ne seront point des faussetés à mon égard, puisque je les tire des ouvrages que je cite, et que je déclare dans ma préface que je ne cautionne que la fidélité des citations. Il met entre ces faussetés le Projet de réunion proposé à Amyrault par le jésuite Godebert au nom du cardinal Mazarin. Il fallait dire Audebert au nom du cardinal de Richelieu. En cela je n’ai fait que suivre le Mémoire de M. Amyrault le fils, et je l’ai cité. C’est à lui à le garantir. Quant aux fautes d’érudition, M. l’abbé ne dit point où elles consistent ; et par conséquent le publicateur des extraits fournit lui-même des preuves de la témérité de ses témoins. Il nous apprend à les convaincre qu’ils se sont mêlés d’écrire des choses dont ils étaient mal informés. L’un d’eux dit que je loue trop de l’avis de bien des gens : le publicateur, au contraire, soutient que j’ai maltraité tout le monde. Voilà les gens qu’il produit pour nous assurer de l’opinion générale.

XXVIII. Il y a dans le treizième extrait, que dans l’article de Pyrrhon et en plusieurs autres, le libertinage y est enseigné d’une manière très-dangereuse, et que j’ai pris de Méziriac toutes les observations, quelquefois d’une longueur ennuyante, sur les dieux, sur les héros, sur la mythologie païenne. Le premier point ne peut être discuté dans une feuille volante. Il me suffit en général d’observer ici que ce prétendu libertinage est une justification très-solide de nos docteurs les plus orthodoxes. Ils ne cessent de reprocher aux sectaires que le principe des sociniens conduit au pyrrhonisme, au déisme, à l’athéisme. Sur cela je leur demande, ou vous êtes des calomniateurs, ou il est très-vrai qu’à moins de captiver son entendement à l’obéissance de la foi, on est conduit par les principes de la philosophie à douter de tout. Or vous n’êtes point calomniateurs, donc il est très-vrai, etc. Vous vous plaignez que je fasse voir par des exemples sensibles que vous ne calomniez pas les sociniens. Ne devriez-vous pas plus tôt m’en remercier ? Savez-vous bien qu’en Italie, sous le feu de l’inquisition, on imprime impunément que nous ne savons avec certitude que par la foi qu’il y ait des corps ? Et vous voulez imposer en ce pays-ci un joug plus rude que celui du pape ! Je puis prouver qu’à Bologne, qu’à Padoue, etc., les professeurs en philosophie ont soutenu hautement et