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SUR LES LIBELLES DIFFAMATOIRES.

attinet, Quirites, quoniam se ampliorem putat esse, si se mihi inimicum dictitaverit, quem ego mihi neque amicum repicio ; neque inimicum respicio, in eum ego non sum plura dicturus. Nam eum indignissimum arbitror, cui à viris bonis benedicatur : tum ne idoneum quidem, cui à probis maledicatur ; nam si in eo tempore hujuscemodi homunculum nomines, in quo pœnire non possis, majore honore quàm contumeliâ afficias [a] Mais comme César n’était pas encore empereur, sa conduite en cette rencontre n’est pas d’un aussi grand poids pour cette partie de mon ouvrage, que la conduite de Tibère, rapportée par Tacite. Une dame fut accusée d’avoir mal parlé d’Auguste, et de l’impératrice Livie, et de Tibère ; on la poursuivait par la loi de Majestate. Tibère voulut qu’on usât de distinction : Je ne veux pas, dit-il, que l’on informe contre elle touchant ce qui me regarde ; mais si elle se trouve coupable à l’égard d’Auguste, qu’on la punisse. Il ne répondit rien le premier jour sur les intérêts de sa mère ; mais le lendemain il déclara qu’elle souhaitait qu’on ne fit un crime à personne des paroles satiriques qui la pourraient regarder. Adolescebat intereà lex Majestatis : et Apuleïam Variliam sororis Augusti neptem, quia probrosis sermonibus divum Augustum, ac Tiberium, et matrem ejus inlusisset, Cæsarique connexa adulterio teneretur, Majestatis delator arcessebat. De adulterio satis caveri lege Juliâ visum : majestatis crimen distingui Cæsar postulavit ; damnarique si qua de Augusto inreligiosè dixisset : in se jacta nolle ad cognitionem vocari. Interrogatus à consule, quid de his censeret, quæ de matre ejus locuta secùs argueretur, reticuit : dein proximo senatûs die, illius quoque nomine oravit, ne cui verba in eam quoque modo habita crimini forent : liberavitque Apuleïam lege Majestatis [b]. Suétone vous apprendra des nouvelles plus précises de l’indolence de cet empereur [c]. Je ne répéterai point ce que j’ai dit ci-dessus de la tolérance de Néron ; et pour celle de Vespasien, je vous renvoie à Suétone [d]. Mais sur ce chapitre que pourrait-on voir de plus beau que cet édit de l’empereur Théodose ? Si quis modestiæ nescius et pudoris ignarus improbo petulantique maledicto nomina nostra crediderit lacessenda, ac temulentiâ turbulentus obtrectator temporum nostrorum fuerit ; eum pœnæ nolumus subjugari, neque durum aliquid nec asperum volumus sustinere ; quoniam si id ex levitate processerit contemnendum est, si ex insaniâ miseratione dignum, si ab injuriâ remittendum : undè integris omnibus hoc ad nostram scientiam referatur, ut ex personis hominum dicta pensemus, et utrùm prætermitti an exquiri debeant censeamus. Datum VI Id. August. Constantinopoli, Theodosio anno III, et Abundantio Coss. Cette constitution se lit dans le

  1. Aulus Gellius, lib. VI, cap. XI.
  2. Tacitus, Annal., lib. II, cap. L.
  3. Suet., in Tiber., cap. XXXVIII.
  4. Idem, in Vespas., cap. XIII.