Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T15.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
DISSERTATION

Magdebourg, desquels il a fait son fort.

XII. Écrit de Magdebourg.

Cet écrit de Magdebourg a pour titre : De jure Magistratuum in Subditos, et officio subditorum erga Magistratus. Brereley [a] n’en parle qu’en général, et sur la foi de Sutlivius, qui l’attribue à Théodore de Bèze. Cet ouvrage fut publié l’an 1550 [* 1], sous le nom des habitans de Magdebourg. Je ne sais point si c’est le même [* 2] que celui dont Sleidan donne le précis [b]. Je ne le connais que par l’édition française de l’an 1578, in-12. Elle a pour titre : du Droit des Magistrats sur leurs subjets. Traitté très-necessaire en ce temps, pour advertir de leur devoir, tant les magistrats que les subjets : publié par ceux de Magdebourg l’an MDL [* 3] : et maintenant reveu et augmenté de plusieurs raisons et exemples. Cette édition avait été précédée de plusieurs autres. M. Arnauld [c] s’est servi d’une traduction latine imprimée, l’an 1576, apud Johannem Mareschallum Lugdunensem, in-8o., et faite sur le français. L’auteur des commentaires, de Statu Religionis et Reipublicæ in Regno Galliæ, fait mention d’un livre qui parut l’an 1573, et qui n’est autre que celui-ci. Il reconnaît [d] que l’auteur se proposa de faire l’apologie de ceux de la religion, qui étaient alors en guerre civile pour la quatrième fois contre Charles IX. M. de Thou marque expressément sous l’année 1574 [e], qu’il parut une nouvelle édition d’un livre qui avait été imprimé en Allemagne au temps du siége de Magdebourg, et que cette nouvelle édition était augmentée de plusieurs exemples et de plusieurs raisonnemens. Jean Beccaria, qui réfuta cet ouvrage l’an 1590, le représente comme un livre fort nouveau : Quum superioribus diebus commentabamur aliquid de bello, liceretne scilicet christiano bellare, vel non, prodiit libellus quidam cui hic erat titulus : De jure Magistratuum in Subditos, et officio Subditorum erga Magistratus [f]. C’est une marque qu’il s’en était fait depuis peu une nouvelle édition, et qu’il n’avait point de connaissance des précédentes. Quelques-uns soupçonnent que Jean Beccaria n’est point le vrai nom de cet auteur [g]. Ce qu’il y a de certain c’est qu’il n’était pas catholique. C’était peut-être une manière de socinien. Il traite mal son adversaire, et le fait passer pour une âme sanguinaire et ennemie de la paix. Videri hominem esse verè sanguinarium, bello, armisque amicum

  1. * Rien le plus faux, dit Leclerc.
  2. * Ce sont deux écrits différens, dit Leclerc.
  3. * Ces mots, publié par ceux de Madgebourg, l’an MDL, ne sont qu’une pure supercherie, dit Leclerc ; une grande partie de ce livre contient des faits postérieurs à cette année 1550.
  1. In Apologiâ Protestent., pag. 613.
  2. Sleid., lib. XXII init. Voyez la Cabale Chimérique, 2e. édition, pag. 139 et suiv.
  3. Voyez son Apologie pour les Catholiques, Ire. partie, chap. IV, pag. 50.
  4. Commentar. de Statu Reip. et Relig., ad ann. 1573, folio m. 118 verso.
  5. Thuan., lib. LVII, pag. m. 50. J’ai vu une édition in-8o. faite l’an 1574.
  6. Jo. Beccaria, Refutat. cujusd. Libelli, pag. 1.
  7. Voëtius, Disp., tom. IV, p. 238.