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ZUÉRIUS.

tinuant, soit par ses leçons, soit par ses livres, à donner des preuves d’une belle littérature et d’une exquise connaissance de la politique et de l’histoire, il en fut fait professeur à la place de Daniel Heinsius, déclaré emeritus. Il s’acquitta de cet emploi d’une manière très-utile à ses auditeurs, et très-glorieuse pour lui. Il fut brouillé pendant quelque temps avec Saumaise ; mais cette querelle, qui l’obligea à mettre main à la plume contre ce redoutable critique, s’apaisa enfin (E). Il communiquait volontiers aux autres auteurs ses connaissances, comme Valère André le confesse dans sa Bibliothéque du Pays-Bas. Il mourut après une assez longue maladie, à Leyde, le 3 d’octobre 1653, âgé de quarante et un an. Il travailla sur plusieurs sortes de matières (F), et nommément sur l’invention de l’imprimerie (G). Il avança là-dessus une opinion qui était fort différente de celle de Mallinkrot, et néanmoins sa dissertation lui fit acquérir l’amitié de ce savant homme. Il étudia beaucoup les Origines Gauloises (H), ce qui le mena à la recherche de la langue scythe et des antiquités de cette nation, sur quoi il a écrit fort ingénieusement en flamand et en latin. Il avait aussi travaillé à la Bibliothéque des Femmes illustres par leur érudition et par leurs écrits ; mais cet ouvrage n’a point paru (I). Quelques-uns ont voulu dire qu’on fut fâché, en Hollande, de la publication d’un petit écrit qu’il avait dicté à ses écoliers, et qui expliquait la constitution de la république des Provinces-Unies [a] (K). On estime son Histoire sacrée et profane, qui s’étend depuis la naissance de Jésus-Christ jusqu’à l’année 1650. Ce n’est qu’un volume in-4°. Ce qu’il contient de meilleur regarde le XVIe. siècle et le commencement du XVIIe. Boxhornius était un peu laid, et si basané qu’on le prit un jour pour un Espagnol (L). Il fit là-dessus une réponse pleine de zèle pour sa patrie [b] ; mais c’est aux casuistes à voir si elle est conforme à l’esprit de l’Évangile (M). Sorbière, le voyant emporté contre Grotius, eut l’équité de l’excuser, et de se dire à soi-même que ce langage était conforme aux lois de l’économie (N).

Quelques savans d’Allemagne n’ont pas eu beaucoup d’estime pour son savoir, et ont remarqué beaucoup de fautes dans ses ouvrages. Il en fut averti, et il résolut de se venger par une satire (O) ; je ne sais pas s’il exécuta ce dessein.

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  1. Ex ejus Vitâ, conscriptâ à Jacobo Baselio, quæextat in limine Epistolarum Boxhornii.
  2. Voyez la remarque (L).

(A) Il était petit-fils d’un ministre de Bréda dont je parlerai ci-dessous. ] Il s’appelait Henri Boxhornius ou Boxhorn, et il était du Brabant. Il fit ses études à Louvain, et après y avoir obtenu le degré de licencié en théologie, il fut pourvu du doyenné de Tillemont ; et il témoigna tant de zèle pour la religion romaine, qu’on le fit inquisiteur. Mais il changea de sentimens, et embrassa la religion réformée. Il fut ministre premièrement au pays de Clèves, ensuite à Woerden dans la Hollande, et enfin à Bréda [1]. Il sortit de cette dernière

  1. Tiré des Anti de M. Baillet, tome I, pages 158, 159.