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ZOROASTRE.

tiquissimo more Deum colebant, sed et subindè illius exemplo, sacra sua Mithriaca in tali antro præstare et peragere didicerunt. In eo erant Mithræ et hujus mundi symbolica philosophicè et mathematicè spectanda et contemplanda, non autem colenda ; quâ itaque in re falluntur autores : nam Persæ tunc talia simulachra non colebant[1]. Consultez ce savant homme, au chapitre IV de son ouvrage, vous y trouverez, entre autres belles éruditions, ces paroles de Porphyre : Referente Eubulo, Zoroastres primus omnium in montibus Persidi vicinis antrum nativum, floridum, fontibusque irriguum in honorem. Creatoris, et omnium patris Mithræ, consecravit : ita ut antrum conditi à Mithrâ mundi figuram ei repræsentaret : ea verò quæ intra antrum, erant certis invicem intervallis disposita, ut elementorum climatumque mundanorum symbola seu figuras gererent[2].

Vous remarquerez, s’il vous plaît, qu’il y a dans cet ouvrage de M. Hyde quelques observations qui peuvent être officieuses aux jésuites, dans le procès qu’on leur fait touchant les honneurs de Confucius, qu’ils soutiennent n’être que civils. Le père le Comte qu’on a tant blâmé pour avoir dit que la vraie religion, ou la connaissance du vrai Dieu, a subsisté dans la Chine pendant plusieurs siècles[3], trouvera un bon second dans ce docte professeur d’Oxford.

(H) Bien des gens croient que tous les ouvrages qui ont couru sous le nom de Zoroastre… sont supposés. M. Hyde n’est pas de ce sentiment. ] Suidas assure que l’on avait quatre livres de Zoroastre περὶ ϕύσεως, de Naturâ ; un livre περὶ λίθων τιμίων, de Gemmis, et cinq livres d’astrologie judiciaire, Ἀςεροσκοπικά, ἀποτελέσματικὰ, Prædictiones ex inspectione stellarum[* 1]. Il est fort apparent que ce que Pline rapporte sous la citation de Zoroastre[4] avait été pris de ces livres-là. Eusèbe[5] cite un passage qui contient une magnifique description de Dieu, et il le donne pour les propres termes de Zoroastre, ἐν τῇ ἱερᾷ συναγώγῃ τῶν Περσικῶν, in sacro Persicorum rituum Commentario. Je ne vois personne qui ne croie que Clëment d’Alexandrie a dit que les sectateurs de Prodicus se vantaient d’avoir les livres occultes de Zoroastre[6]. Mais peut-être que ses paroles ont un autre sens, et signifient qu’ils se vantaient d’avoir les livres occultes de Pythagoras. On a imprimé en dernier lieu, avec les vers des sibylles, à Amsterdam, 1689, selon l’édition d’Opsopéus, Oracula magica Zoroastris, cum Scholiis Plethonis et Pselli. Ces prétendus oracles magiques ne contiennent pas deux pages. Voici le jugement de M. Huet sur tous les livres, en général, qui ont couru sous le nom de Zoroastre. Il les traite tous de supposés. Ex cujus (Zoroastris) famâ et existimatione provenit eorum fallacia, qui sub ejus nomine oracula quædam magica græcè scripta incautis obtruserunt. Edita illa sunt cum Pselli et Plethonis scholiis : sed si nares admoveris, fraus subolebit. Vetustiora quidem illa sunt, nihilo lumen γνησιῶτερα (sinceriora) oracula, quæ Cræsi temporibus extitisse narrat [* 2] Nicolaüs Damascenus. Insinceros quoque eos dixerim libros, quos chaldaicè scriptos, et chaldaicis commentariis illustratos, et effata ac sententias complexos Johannem Picunt habuisse ferunt ; insincerum et librum Zind, mihi de nomine solum cognitum, quo ritus magicos, et ignis colendi disciplinam aiunt caontineri… Insinceros et quos Hermippus, Plinio teste, ducentis versuum millibus sub Zoroastris nomine conditos indicibus quoque positis ex planavit. Ex iisdem falsariorum incudibus profectus est suprà memoratus Persicarum legum codex Zundavastaw, quem vetustissimum tamen conjicio, et eumdem fortassè, qui ab [* 3] Eusebio Collectio sacra Persicarum rerum appellatur. Indidem profectus

  1. * Citation de Suidas. — In voce Ζωροάςρης.
  2. (*) NicoL Damasc., Hist., l. 7, in Exc. Const. Porphyr.
  3. (*) Eus., Præp. evangel., l. 1.
  1. Idem, ibidem.
  2. Porphyr., de Nympharum Antro, apud Hyde, ibidem, cap. IV, pag. 118.
  3. La Sorbonne condamna cette proposition le 18 d’octobre 1700.
  4. Plinius, lib. XVIII, cap. XXIV, pag. m. 502 ; et libro XXXVII, cap. X, pages 407, 410, 412.
  5. Euseb., Præparat. evangel., lib. I, sub fin., pag. 43.
  6. Clem. Alexandrin. Strom., lib. I, p. 304.