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ZOROASTRE.

Ahreman fuisse… productum et creatum. Yezdân cogitasse secum, Nisi fuerint mihi controversiæ, quomodo erit ? Hancque cogitationem pravam naturæ lucis minuùs analogam, produxisse tenebras dictas Ahreman, qui naturâ dispositus ad malum et dissidium et improbitatem et noxam et omnia nocumenta : et prodiens contra lucem, eam opposuit tam naturâ (seu facto) quàm dicto[1]. Ils ajoutent qu’il s’éleva une guerre entre l’armée de la lumière et l’armée des ténèbres, qui se termina enfin par un accommodement dont les anges furent médiateurs, et dont les conditions furent que le monde inférieur serait laissé pleinement à Arimanius pendant sept mille ans, après quoi il le restituerait à la lumière. Il avait exterminé avant la paix tous les habitans du monde. La lumière avait appelé les hommes à son secours pendant qu’ils n’étaient encore que des esprits : elle avait fait cela, ou afin de les retirer du pays d’Arimanius, ou afin de leur donner des corps qui combattissent contre cet adversaire. Ils acceptèrent les corps et le combat, à condition d’être assistés par la lumière et de vaincre enfin Arimanius. La résurrection viendra après qu’il aura vaincu. Voilà, concluent-ils[2], quelle fut la cause de la mixion, et quelle sera la cause de la délivrance. Les Grecs n’ont pas ignoré que Zoroastre enseignait la résurrection future[3].

(G) On veut qu’il n’ait pas été idolâtre ni quant au culte du feu, ni quant à celui de Mithra.] M. Hyde assure[4] que les sectateurs de l’ancienne religion des Perses nient qu’ils aient jamais rendu aux astres le culte divin. Ils soutiennent qu’ils n’adorent pas le soleil, et qu’ils se tournent seulement vers cet astre lorsqu’ils prient Dieu. Il a trouvé parmi les préceptes de Zoroastre qu’il faut saluer le soleil et lui donner des éloges, mais non pas qu’il faille le servir religieusement. Il prouve que leurs cérémonies peuvent justement passer pour des honneurs civils, et il fait là-dessus des observations tout-à-fait curieuses. Il applique au feu ce qu’il a dit du soleil ; les révérences et les prostrations des Perses devant le feu sacré n’étaient pas une adoration religieuse, mais seulement civile : Idem quoque dicendum est de eorum cultu ignis, quem (ut suprà tetigimus), imitando Judæos in Pyreis servârunt. Nam quamvis ei exibuerint reverentiam quandam, eamque per prostrationes, hœ tamen non fuerint adoratio divina, sed tantùm civilis, prout se habet mos Orientis erga quosvis magnates, et olim fuit erga angelos tanquam Dei legatos ejus personam repræsentantes ; cujus rei exempla affatim suppetunt non tantùm in Vet. Test, sed et in Novo, ubi fœminæ ad veram fidem conversæ (visis apud Christi sepulchrum angelis), adorârunt procidentes faciebus in terram : idque quamvis probè scirent non esse Deum, sed angelos, ut constat ex verbis earum profitentium se vidisse visionem angelorum[5]. Il conclut[6] que l’on a tort de les nommer idolâtres et adorateurs du feu, et il veut que Zoroastre ait été un instrument pour les faire persévérer dans la vraie foi[7]. C’était un homme qui avait été nourri dans la connaissance du vrai Dieu, et qui l’adora particulièrement dans un antre naturel, où il mit divers symboles qui représentaient le monde. Mithra représentant le soleil y tenait la place du maître. Mais ce n’était point à Mithra, c’était au vrai Dieu qu’il rendait ses adorations : Is cum esset insignis philosophus, religione austerus, et totius matheseos peritissimus, hâc ratione Persas suî admiratione perculit, et suæ doctrinæ attentos reddidit. Præsertim coluit Deum in naturali quodam antro, quod ille Mithriacum effecit et mirificè ac mathematicè comparavit ; ubi scil. Mithra præsidens, hæc inferiora regio modo regens eaque imprœgnans sedebat : adeò ut omnes posteà non tantùm in summis montium jugis an-

  1. Ibn Shahua, in libro de Primis et Postremis, apud Hyde, Hist. Relig. vet Persar, cap. XXII, pag. 295, citant le livre de Shahristâni, de Religionibus Orientis.
  2. Ejusmodi fuisse causam mistionis hanc verò causam liberationis. Idem, ibid., pag. 206.
  3. Voyez ce que Diogène Laërce, in Proœmio. num. 8, rapports de la doctrine des mages.
  4. Hyde, Hist. Relig. vet. Persar. cap. I, pag. 5.
  5. Idem, ibidem, pag. 10.
  6. Idem, ibidem, pag. 24. Voyez aussi page 22.
  7. Idem, ibidem, pag. 16.