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WIDA.

re Maimbourg ; lisez M. de Seckendorf, vous y trouverez que ce prélat était déjà plus que demi-luthérien. Hermanum jam tum meliora intendisse, ex epistolâ MS. Joh. Lumpii, doct. Colon. quæ inter Hechelianas, extat, et d. 6. oct. hoc anno data est, apparet Scribit enim : Archiepiscopus nondùm audet, quæ sentit, prodere, ob monachorum et theologorum superstitiosâ superciliâ, quibus adhuc insipidum est, quod ex eorum non prodit culinâ, speratur tamen finis. Addit : Minoritanum, qui præsuli à confessione et sacri concione est, cucullum ferre adhuc, sed aliud sentire : in templo majori concionari aliquem puram Evangelii doctrinam, advolantibus ex vicinis oppidulis, etiam ex Hassiacâ ditione procul dissitâ, tot millibus, ut cos vix capiat templum [1].

(C) Ayant consulté Mélanchthon, et eu quelques conférences secrètes avec Bucer, il fit prêcher celui-ci..., et fit venir l’autre quelque temps après. ] Il députa Pierre Medman à Mélanchthon, l’an 1539, et il aurait bien voulu que Mélanchthon le vint trouver incessamment ; mais ce voyage fut différé jusqu’à l’année 1543. Bucer, mandé par cet archevêque, se rendit auprès de lui vers la fin de 1541, et après plusieurs conférences qui furent goûtées, il s’en retourna à Strasbourg, d’où il revint auprès d’Herman l’année suivante, et prêcha publiquement à Bonn. Il avertit l’électeur de Saxe et le landgrave de Hesse que ce prélat avait de très-bons desseins, mais qu’il fallait l’encourager, parce que son âge le faisait agir timidement et lentement, Ces princes ne manquèrent pas de lui écrire pour le fortifier dans ses chrétiennes intentions. Il les en remercia, et leur fit savoir qu’il n’avait en vue que la gloire du bon Dieu, et le salut du prochain. Il avait déjà prié l’électeur de Saxe de lui envoyer Mélanchthon. Celui-ci partit environ la fin d’avril 1543, et dressa avec Bucer un projet de réformation que l’archevêque se fit lire, et qu’il discuta attentivement [2]. On lui passa certaines choses qui ne sentaient pas le protestant, et qui obligèrent Luther à se plaindre de la connivence de Mélanchthon et de celle de Bucer. L’électeur de Saxe ne fut pas non plus content de cette conduite, quoique le landgrave l’eût averti qu’il ne fallait pas se promettre que dès le commencement on perfectionnât l’ouvrage [3]. Il faut savoir que l’archevêque souhaitait que l’on retînt toutes les cérémonies qui ne seraient pas impies, et que chaque ordre conservât ses priviléges : il ne prétendait pas abolir l’épiscopat. Propositum scilicet erat Hermanno ut ex Melanchthonis litteris colligi potest, Chrytræus etiam lib. XVI, fol. 460, apertiùs tradit, ceremonias veteres omnes, quotquot sine impietate servari possent, unà cum collegiorum dignitate, libertate, prærogativis et juribus omnibus, retinere, ut moderatæ et piæ ordinationis ecclesiæ cathedralis exemplum esse posset ; sed eventus ostendit, in rebus tantoperè corruptis modum difficillimè inveniri ; quapropter omnis ista cautio inutilis fuit, et, retentâ illâ pompâ, doctrinæ puritati inerementa omnia subtracta fuerunt [4]. Dans le projet de réforme qu’il publia, il ne fit aucune mention ni de Luther ni du pape [5] ; et il ménagea de telle sorte ses expressions sur l’article de la cène, que les zuingliens s’en pouvaient accommoder [6]. Luther trouva bon qu’on ne l’y eût pas nommé [7] ; car il savait bien que son nom eût pu rebuter le monde ; mais il condamna les autres ménagemens, et se mit dans une furieuse colère contre Mélanchthon, et peut-être ne se serait-il jamais apaisé si Mélanchthon n’avait mis la faute sur Martin Bucer, et si l’électeur de Saxe n’eût travaillé à prévenir la rupture ouverte entre ces deux personnages Non latuit Melanchthonem indignatio Lutheri, immò tantoperè eum afflixit, ut de deserendâ Wittenbergâ

  1. Seckendorf, Hist. Lutheranismi, lib. III, pag. 138, 139.
  2. Tiré de Seckendorf, ubi suprà, pag. 436,
  3. Non satis placebat illa dissimulatio electori monito licet à Landgravio quod non omnia sub initium exactè constitui possent. Idem, ibidem, pag. 437, num. 8.
  4. Idem, ibidem
  5. Hermanno ea placuit lenitas quâ etiam cavit ne in toto seripto aliquid contra pontificem nominatim spargeretur. Idem, ibid, pag. 448, d.
  6. Idem, ibidem.
  7. Idem, ibidem.