Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T10.djvu/595

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
585
MUSCULUS.

la veille du jour qu’il devait commencer cette corvée, il fut averti que les magistrats le destinaient à prêcher tous les dimanches dans le village de Dorlisheim. Il en fut bien aise, et il s’acquitta exactement de cette fonction ; elle ne l’engageait point à la résidence, il partait de Strasbourg le samedi et il revenait le lundi. Il logeait le reste du temps chez Martin Bucer (A). La chose prit une autre face quelques mois après ; car on trouva à propos qu’il résidât. Il se transporta donc à Dorlisheim, et y souffrit les rigueurs de la pauvreté fort constamment (B). On le rappela à Strasbourg au bout d’un an, pour l’emploi de ministre diacre dans la principale église. L’ayant exercé environ deux ans, il fut appelé à Augsbourg, et commença d’y prêcher le 22 de janvier 1531. La charge de ministre qu’il y exerça fut fort pesante pendant les premières années ; car il eut à combattre non-seulement les catholiques romains, mais aussi les anabaptistes. Il s’opposa aux personnes qui étaient d’avis que l’on fît mourir ceux-ci, et il obtint peu à peu des magistrats que le papisme fût entièrement chassé (C). Il servit l’église d’Augsbourg jusques au temps où les magistrats eurent la faiblesse de recevoir l’Intérim, l’an 1548. Il sortit alors de la ville, et se retira en Suisse. Sa femme et ses huit enfans le suivirent au bout de quelques semaines. Il fut les prendre à Constance, le 30 de juillet ; et après avoir attendu à Zurich qu’il se présentât quelque vocation commode, il fut appelé par messieurs de Berne, l’an 1549, pour la profession en théologie. Il l’accepta agréablement, et il en remplit les fonctions avec toutes sortes de soins ; et, afin de témoigner sa reconnaissance à la ville de Berne, il ne voulut jamais accepter les emplois qu’on lui offrait en d’autres lieux (D). Il se borna aux leçons de théologie, et refusa la chaire de prédicateur qui lui fut offerte (E). Il mourut à Berne, le 30 d’août 1563 [a]. Ce fut un homme fort laborieux et fort docte, et qui publia beaucoup de livres (F). Il fut aussi employé à quelques députations ecclésiastiques très-importantes (G). Il se rendit assez habile dans la langue grecque, et dans l’hébreu, quoiqu’il eût commencé bien tard à les étudier (H). Nous rapporterons quelques jugemens que l’on fait de ses écrits (I). On a remarqué qu’il renonça à la doctrine de Zuingle dans le concordat de Wittemberg, et qu’il l’embrassa tout de nouveau après qu’il se fut retiré d’Augsbourg [b]. Voyez la remarque (G). Il ne faut pas le confondre avec André Musculus, auteur luthérien, et professeur en théologie à Francfort-sur-l’Oder, et surintendant général des églises de la marche de Brandebourg au XVIe. siècle. Il était né à Schnéberg dans la Misnie, et il mourut l’an 1580 [c]. Il fut un ardent promoteur

  1. Tiré de Melchior Adam, in Vitâ Musculi, pag. 367 et seq. Vitarum Theologor. Tout ce qu’il a dit est tiré de la Vie de Musculus son fils. On la trouve au-devant du Synopsis Festalium Concionum Wolfgangi Musculi, édition de Bâle, 1595, in-8°.
  2. Micrælius, Synt. Hist. Eccles. p. 781, édit. 1699.
  3. Ex Micrælio, ibid.