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MONANTHEUIL.

l’univers a donné un applaudissement. universel à ses mérites, mais particulièrement le sénat et le peuple romain, par un authentique témoignage et reconnaissance, l’ayant, dans un décret du sénat (où il est fait mention de toutes ses qualités et de ses mérites) honorée du titre d’Unique, lui donnant à elle le droit de citoyenne romaine, et à tous ceux de la maison de Molsa, comme vous verrez par les paroles de ce privilége et de cette patente.... Quod Fabius Matheus Franciscus Soricius Equ. Dominicus Coccia Cons. de Tarquiniâ Molsâ Mutinense Camilli filiâ civitate romanâ donanda ad senatum retulêre S. P. Q. R. de eâ re ita fieri censuit. Etsi novum atque inusitatum est in civium numerum à senatu fœminas cooptari, quarum virtus, ac fama domesticorum parietum finibus contineri cùm debeat, rarò publicis in negotiis usui reipublicæ esse solet ; tamen si aliqua inter eas unquàm extiterit, quæ non solùm cæteras sui ordinis, sed viros etiam virtutibus penè omnibus supergrediatur, æquum est, ut novo exemplo, novique inusitatisque meritis, novi itidem honores inusitatique persolvantur. Cùm itaque Turquinia Motsa Mutinæ antiquissima ac florentissima populi romani colonia, Camillo patre in equitum ordinem D. Jacobi ab Hispaniæ regibus institutum, ob merita ac nobilitatem adjecto, genita [1], celebres illas romanas heroinas æmuletur, virtutibusque exprimat, ut ei nihil prater patriam romanam deesse videatur, ne hoc unum ad absolutam ejus gloriam desiderari possit, senatus populusque romanus civitate donandam censuit, etc. Ribéra n’a mis que ces paroles latines dans l’éloge de Tarquinia Molsa, et toute cette patente en italien, où sont rapportées toutes les qualités et les études de cette héroïne, la noblesse de sa maison, et les faits de ses ancêtres dont j’ai parlé ci-dessus. Le décret a été rendu au Capitole, le 8 décembre M. D. C., Curtio Martolo étant pour lors chancelier du sénat et du peuple romain, Angelo Fosco, chancelier du sénat et du peuple. »

  1. Hilarion de Coste a traduit ceci misérablement : Et parce, dit-il, que Tarquinia Molsa, native de Modène, (ancienne et florissante colonie du peuple romain) et qui pour ses mérites et sa noblesse a été fille de Camille, chevalier de l’ordre de Saint-Jacques, institué par les rois d’Espagne.

MONANTHEUIL (Henri de), en latin Monantholius (A), natif de Reims en Champagne, était professeur royal à Paris, en mathématiques, dès l’an 1577 [a] (B). Il a été aussi doyen de la faculté de médecine de Paris [b]. Il avait été élevé sous la discipline de Ramus, au collége de Prêle, et il était fort attaché à la philosophie de ce nouveau chef de parti. M. de Thou, qui nous apprend cette particularité [c], parle avec éloge de Monantheuil, qui lui avait enseigné l’arithmétique et la géométrie. Il avait été précepteur du savant Pierre de Lamoignon [d], dont Théodore de Bèze a fait l’épitaphe en vers latins. Il publia à Paris, en 1599, la traduction latine des mécaniques d’Aristote [e] (C), et y joignit un fort savant commentaire. La mort [* 1] l’empêcha d’achever un grand ouvrage de mathématique auquel il avait long-temps travaillé, et qui devait avoir pour titre : Heptatechnon mathematicum. Nous dirons quelque chose de ses autres livres dans les remarques. Il était des amis particuliers du garde

  1. * Il mourut en 1606, dit Leclerc, âgé de soixante et dix ans.
  1. Du Breul, Antiquités de Paris, pag. 567.
  2. Ménage Rem. sur la Vie de P. Ayrault, pag. 254.
  3. Thuan., de Vitâ suâ, lib. I.
  4. Oncle du premier président de Lamoignon. Ménage, Remarques sur la Vie de P. Ayrault, pag. 254.
  5. Vossius, de Scient. Mathem., p. 306.