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MINUTOLI.

mort il y a une vingtaine d’années en odeur de sainteté, ayant contracté la maladie dont il mourut, en même temps qu’un sien cousin-germain, de la maison Spada, chevalier de Malte, de la puanteur des malades qu’ils visitaient et servaient tous les jours dans les hôpitaux et dans les prisons, employant tout leur revenu à les secourir.

Charles Minutoli, frère dudit Bernardin, et qui a déjà été quelquefois gonfalonier, vit encore, père de dix fils dont quelques-uns sont déjà en religion.

Vincent II Minutoli, fils de Paulin III et de Laura Cénami, s’étant arrêté à Genève, l’an 1594, et y ayant embrassé la religion réformée, s’y maria peu de temps après avec Suzanne, fille de Michel Burlamachi et de Claire Calandrini, ce qui a donné lieu à la branche des Minutoli aujourd’hui établie à Genève, et de laquelle est

Vincent III Minutoli, fils de Paulin II et de Madeleine des Perrot de Paris.

Les Minutoli de Lucques ont aussi fait depuis trois cents ans une branche à Messine, qui a pour chef aujourd’hui don Jean Minutoli, baron de Calari. Elle a eu divers prélats et fait plusieurs chevaliers de Malte. Elle porte les mêmes armes que ceux de Lucques, qui sont parti, au 1 d’or, chargé d’une demi-aigle de sable couronnée, armée et becquée d’or, et au 2 d’argent chargé de trois paux de gueules, et pour cimier une licorne naissante patée et membrée d’or : au lieu que les Minutoli de Naples portent de gueules au lion d’or rampant, vairé d’azur et d’argent et chargé d’une couronne ducale.

Leur origine est si ancienne, qu’elle n’est pas connue. Quelques-uns la tirent de la maison Capèce, qui, ayant encouru la disgrâce de la maison d’Anjou à cause de la fidélité qu’elle témoigna pour les rois de la branche de Souabe, et en particulier pour Conradin, fut obligée de sortir du royaume après la défaite de celui-ci, pour éviter la colère du roi Charles Ier. qui avait juré qu’il les exterminerait tous : ce qui fit qu’ils se répandirent en divers endroits de l’Italie où on prétend qu’ils changèrent de nom et d’armes, se faisant nommer les uns Aprami, les autres Sconditi, les autres Guindazzi, les autres Zurli, les autres Piscicelli, les autres Galeoti, les autres Minutoli, etc. ; après quoi le pape, ne pouvant pas souffrir la dispersion et la désolation d’une semblable famille, la réconcilia avec la maison d’Anjou. Mais plusieurs tiennent que ces noms-là existaient à Naples, non-seulement avant la venue des Angevins, mais encore du temps des Souabes, des Normands et même des empereurs grecs, et surtout le nom des Minutoli, comme on le vérifie par des actes authentiques qui sont et dans les archives et en plusieurs monastères de Naples. Or, soit que ce ne fussent que des surnoms de la maison Capèce, soit que ce fussent des familles qui en étaient indépendantes, il est sûr que les Minutoli ont tellement fleuri sous le règne de Charles Ier. d’Anjou, qu’on trouve qu’il ceignit chevaliers vingt-huit seigneurs de