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MINUTOLI.

indécise la question, si ce fut à cause qu’il lui déplaisait de les voir embarrassées dans une infinité de disputes destituées de charité, et de remarquer en elles un esprit de domination et un penchant à persécuter, qu’il considérait comme une portion de papisme, inséparablement annexée à toutes les communions ; ou bien si ce fut à cause qu’il était persuadé qu’on peut être homme de bien sans souscrire au formulaire d’aucune secte, et que toutes les sectes avaient corrompu en quelque chose les statuts de Jésus-Christ [1].

  1. Tiré des Extraits de la Vie de Milton, par M. Toland.

MINUTOLI [a]. Les personnes les plus distinguées de la maison Minutoli de Lucques, qui s’y transféra de Florence, environ l’an 1300, après avoir joui de toutes les dignités de la république Florentine, sont les suivantes, sans parler de l’antianat et du grade de gonfalonier qui leur a été commun.

Jacques Minutoli, qui naquit l’an 1434, de François Minutoli, sénateur, et de Marguerite Balbani, de famille aussi très-noble, devint très-savant dans l’étude du droit, tant civil que canonique, etc. Étant allé à Rome, le pape Pie II le fit abréviateur des lettres apostoliques, l’an 1460 ; et le pape Paul II, l’ayant fait un des commissaires de l’armée papale, dans la guerre du saint siége contre Robert Malatesta, seigneur de Rimini, il se conduisit si prudemment et avec tant de courage dans cet emploi, qu’il réduisit à l’obéissance toute l’Ombrie, et surtout Spolète et Città di Castello : ce qui donna lieu au savant Antonins Campanus d’en parler ainsi dans ses lettres à Gentil d’Urbino, Audio Minutulum nostrum cooptatum esse collegio tuorum : id si est, pugnacem collegam accepisti, et qui jampridem didicit tueri communem dignitatem, nam Picena illa fuga non pugna fuit, et ipse inter primipilos dimicans eâ die virum se præbuit.

Sed quò post pugnam victricia moverit arma !
Quâ victis pacem conditione dedit ?
Anne Faventinis etiam nunce finibus instat ?
Aut fractis illis altera bella parat ?


Après la guerre de Rimini, il fut fait secrétaire de la pénitencerie apostolique et comte du sacré palais de Saint-Jean-de-Latran, par Paul II.

L’empereur Frédéric III lui fit bien des caresses, et l’honora du titre de comte palatin, qui était alors une dignité considérable.

Sous le pontificat de Sixte IV, il eut le gouvernement de Spoléto, et ayant fait diverses choses favorables au saint siége, le pape Sixte crut de l’en devoir récompenser en lui donnant l’évêché de Nocéra dans l’Ombrie, et peu de temps après il l’envoya avec le cardinal légat, Jean la Balne, vers Louis XI, roi de France, qui l’eut en une telle considération, qu’il le fit son agent auprès des papes, et obtint, qu’il fût transféré de l’évêché de Nocéra à celui d’Agde en Languedoc : et en la même année 1481, il fut envoyé avec les ambassadeurs du roi, pour persuader le sénat de Venise de se joindre à la pacification de l’Italie qui venait d’être résolue à

  1. Mémoire touchant la maison Minutoli. Voyez les avertissemens sur la seconde édition, [où Bayle dit avoir reçu trop tard ces mémoires pour avoir pu les employer. ]