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MILTON.


ras pour moi le plus expédient : Ne permets point, ô seigneur, que l’outrage triomphe de moi : et fais que mes fautes soient corrigées par ta main ; ne rendant point mes injustes ennemis les ministres de ta justice. Toutefois, ô mon Dieu ? s’il semble à ta sagesse que ce soit ici le châtiment le plus convenable à mes transgressions, qui sont inexcusables ; Si cette ingrate captivité est la plus propre à réprimer mes désirs trop altiers : Si c’est par ce moyen que doit être brisé l’orgueil de mon cœur, qui n’est pas assez humilié ; ô seigneur ! je me soumets à ta volonté, et embrasse avec allégresse telle amertume, qu’il te plaira me faire souffrir. Seulement permet moi de te requérir ceci (et que ma requête, ô seigneur, soit acceptée de toi, puisque c’est toi-même, qui me la mets au cœur) savoir, que par ta bonté qui n’est autre chose que toi-même, il te plaise faire luire quelque rayon de la majesté en mon entendement ; afin que comme je reconnais que le plus noble de mes titres est d’être ta créature ; de même je puisse en mes plus grandes afflictions dépendre confidemment de toi. Fais en sorte que l’affliction soit l’exercice, mais non pas la ruine de ma vertu. Ô Dieu, ne permets point que leur pouvoir prévaille jusqu’à me détruire. Et si c’est ta volonté qu’ils continuent de plus en plus à me tourmenter par de semblables souffrances ; toutesfois, ô seigneur, ne permets jamais que leur malice passe si avant que de m’empêcher de conserver toujours un esprit pur, et une résolution ferme et inébranlable de te servir sans crainte ni présomption ; Mais cependant, avec cette humble confiance, qui te puisse être plus agréable, en telle sorte qu’à la fin je puisse parvenir en ton royaume éternel par les mérites de ton fils, notre seul et unique sauveur, Jésus-Christ.

Amen. »

livrance, telle que tu trouveras le plus expédient : Ne permets point, ô seigneur, que l’outrage triomphe de moi ; et fais que mes fautes soient corrigées par ta main ; et ne rends point mon injuste ennemi le ministre de la justice. Toutefois, ô mon Dieu ! s’il semble à la sagesse que ce soit ici le châtiment le plus convenable à ma folie, qui est inexcusable ; si cette abjecte captivité est la plus propre à réprimer mes désirs trop altiers ; si c’est par ce moyen que doit être brisé l’orgueil de mon cœur, qui n’est pas assez humilié ; ô Seigneur je me soumets à ta volonté, et embrasse avec allégresse telle affliction qu’il te plaira me faire souffrir. Seulement permets-moi de te requérir (et que ma requête, ô seigneur, soit acceptée de toi, puisque c’est toi-même qui me la mets au cœur) permets-moi de requérir, par le plus noble des titres, que dans ma plus grande affliction je m’attribue d’être ta créature, et par ta bonté (qui n’est autre chose que toi-même) qu’il te plaise faire luire tellement en mon entendement quelque rayon de ta majesté, qu’il puisse toujours dépendre confidemment de toi. Fais en sorte que l’affliction soit l’exercice, mais non pas la ruine de ma vertu ; que leur pouvoir prévaille, mais non pas jusqu’à me détruire ; que ma grandeur soit leur proie ; que mon tourment soit la douceur de leur vengeance ; qu’ils m’affligent (s’il te semble bon ainsi) de plus en plus de punitions ; Mais, ô Seigneur, ne permets pas que leur malice passe si avant que de m’empêcher de conserver un esprit pur dans un corps pur. »

« La version faite de l’Arcadie en français, imprimée à Paris l’an 1625, ne suivant pas exactement l’original anglais, j’ai été obligé de tourner la prière de Pamméla sur l’anglais de mot à mot, comme la prière du roi en avait été tirée, ainsi qu’il apparaîtra, en conférant l’une avec l’autre. »

(O) Je rapporterai un passage de son livre de la Vraie Religion, etc. ] C’est afin que l’on connaisse les principes de cet écrivain, chose aussi nécessaire qu’aucune autre dans les articles d’un Dictionnaire historique, qui concernent les auteurs. « L’erreur vient de la fragilité humaine, et aucun homme est infaillible. Mais si les luthériens, les calvinistes, les anabaptistes, les sociniens et les arminiens, qui font profession de prendre la seule parole de Dieu pour la règle de leur foi et de leur obéissance, appliquent tout leur soin et toute la sincérité de leur cœur à lire, à étudier, et à demander l’illumination du Saint Esprit, afin d’entendre cette règle, et d’y conformer leur vie, ils font tout ce qui dépend de l’homme. Dieu sans doute leur pardonnera leurs erreurs,