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MÉTELLA.

bro, quem scripsit Pius aut de Pace, C. Sallustium scriptorem seriæ illius et severæ orationis, in cujus historiâ notiones censorias fieri atque exerceri videmus, in adulterio deprensum ab Annio Milone loris benè cœsum dici, et quùm dedisset pecuniam, dimissum [1]. Il est fâcheux que cette honteuse disgrâce soit arrivée à un grand auteur, car c’est l’historien Salluste qui fut si mal accommodé chez Fausta. Les galans ne profitèrent pas de cet exemple : on parle d’un Villius, qui reçut au même lieu cent coups de poing, et qui faillit à y être poignardé [2]. Les uns disent que ce fut Milon qui le traita de la sorte [3] : bien lui en prit d’être robuste, car sans cela ses bras n’eussent point suffi à étriller aussi souvent qu’il le fallait ceux qui lui venaient baiser sa femme : mais d’autres croient avec plus de vraisemblance, que celui qui traita ainsi le malheureux Villius, était un autre galant de Fausta, qui se trouvant auprès d’elle, quand Villius s’attachait à Fausta, principalement par la raison qu’elle était de la première qualité. Horace se moque de ce faux goût, et soutient que la nature ne le donne pas [4], et qu’on trouve mieux ailleurs [5]. Cette censure fut inutile : il fallut que Perse la renouvelât.

.... Nunc nunc impensiùs unge,
Unge puer caules, Mihi festâ luce coquatur
Urtica, et fissâ fumosum sinciput aure ;
Ut tuus iste nepos olim satnr anseris extis,
Cùm morosa vago singultiet inguine vena,
Patriciæ immejat vulvæ [6].


« Et il y a encore beaucoup de gens, comme Villius, qui n’aiment dans leur maîtresse que leur nom et leur qualité. » Ce sont les paroles d’un habile commentateur [7]. Je n’ai pas encore nommé tous les galans de notre Fausta, desquels les livres ont conservé la mémoire. Elle en avait deux en même temps, dont les noms donnèrent lieu à un bon mot de son frère. Faustus, Sullæ filius, cùm soror ejus eodem tempore duos mœchos haberet, Fulvium, Fullonis filium, et Pompeium Maculam : Miror, inquit, sororem meam habere maculam, cùm fullonem habeat [8]. Je m’étonne, dit-il, que ma sœur ait une tache, puisqu’elle a un foulon. Le latin a infiniment plus de grâce.

(C) Je ne comprends pas la réflexion de Plutarque.] Il dit que Sylla, avant de se marier avec Métella, avait eu trois femmes, dont la dernière, qui s’appelait Célia, fut honnêtement répudiée sous prétexte de stérilité : mais, ajoute Plutarque, le mariage que Sylla contracta avec Métella peu de jours après, fit voir qu’il avait allégué injustement contre Célia cette raison de divorce. Ὀλίγαις δὲ ὕςερον ἡμέραις ἀγαγόμενος τὴν Μετέλλαν, ἔδοξε διὰ τοῦτο τὴν Κοιλίαν οὐ καλῶς αἰτιάσασθαι. Verum quòd paucis diebus post Metellam duxit, apparuit illum immeritò illam causam in Cœliam prætendisse [9]. Afin que ce raisonnement de Plutarque eût quelque solidité, il faudrait que, dans l’ordre naturel, et suivant une conduite sensée, un homme qui aurait répudié sa femme pour cause de stérilité ne se hâtât point d’en prendre une autre : mais le sens commun nous montre que personne ne peut supposer cela sans tomber dans l’illusion ; car tout homme qui répudie sa femme, et qui le fait uniquement à cause qu’elle est stérile, témoigne par là qu’il souhaite d’avoir des enfans. L’ordre veut donc qu’il se remarie bientôt avec quelque femme qui ait les apparences de fertilité, et s’il ne se remariait de sa vie, ou s’il différait beaucoup à le faire, il témoignerait visiblement qu’il aurait donné une méchante raison de son divorce. Que lui importait, dirait-

  1. Aul. Gellius, lib. XVII, cap. XVIII.
  2. Villius in Faustâ Syllæ gener (hoc miser uno
    Nomine deceptus) pœnas dedit, usque superque
    Quàm satis est pugnis cæsus, ferroque petitus,
    Exclusus fore quùm Longarenus foret entùs.
    Horat., sat. II, lib. I, vs. 64.

  3. Vetus Interpres Horatii.
  4. Huic si Mutonis verbis male tanta videntis
    Diceret hæc animus : quid vis tibi ? nunquid ego à te
    Magno prognatum deposco consule cunnum
    Velatumque stulâ, mea cùm conferbuit ira ?
    Quid responderet ? magno patre nata puella est,
    At quanto meliora monet pugnantiaque istis
    Dives opis natura suæ.............
    Horat., sat. II, lib. I, vs. 68.

  5. Nec magis huic inter niveos viridesque lapillos
    (Si licet hoc Cerinthe tuum) tenerum est femur aut crus
    Rectius, atque etiam melius persæpè togatæ,
    Ibidem, vs. 80.

  6. Persius, sat. VI. sub fin.
  7. M. Dacier, sur Horace, t. VII, p. 145.
  8. Macrob., Saturn., lib. II, c. II, p. 324.
  9. Plut., in Syllâ, pag. 453.