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MEY.

prince à qui la Mecque appartient. ] Il descend de Hascem, bisaïeul de Mahomet, et se qualifie chef des Hascéméens. Il se donne aussi le titre de schérif, ou d’émir. Il relevait autrefois des soudans d’Égypte, et depuis il a relevé des sultans turcs ; mais il a toujours conservé sa domination et sa puissance. Et quamquàm olim Ægypti sultanorum, ac modò Othomannorum pareat imperio [1], nunquàm tamen suo dominio auctoritateque fuit spoliatus [2]. Le grand-seigneur, bien loin de se dire souverain de la Mecque et de Médine, s’appelle leur humble serviteur. L’émir ou le schérif de la Mecque est presque toujours pauvre, quoiqu’il ait de bons revenus, et qu’il reçoive beaucoup de présens des princes et des pèlerins ; mais il a toujours des querelles sur les bras avec ses frères, qui aspirent à la domination, et avec les Arabes Bédouins. Il reçoit du grand-seigneur la troisième partie des revenus de l’Égypte, à condition de protéger les pèlerins de la Mecque, et de les garantir des insultes et des pilleries des Arabes [3]. Voilà ce que je tire de l’Appendix du Geographia Nubiensis. M. d’Herbelot assure que la plus ancienne origine que l’on trouve des émirs ou des schérifs, comme on les appelle aujourd’hui, de la Mecque, se trouve rapportée par Ben-Schouhnah, sous le règne des Aïoubites, ou princes de la postérité de Saladin, qui régnait dans l’Iémen en Arabie. Car il écrit qu’en ce temps-là, il y avait un prince à la Mecque, et un autre à Médine, qui portaient le titre d’émir, et que l’an 633 de l’hég. un nommé Cotadah, fils d’Édris, de la race d’Ali, de la branche de Hossaïn, était émir de la Mecque [4]. Je me souviens que pendant la dernière guerre [5], les nouvellistes des alliés débitaient de temps en temps que les affaires des Turcs allaient très-mal en Asie, et qu’on leur avait enlevé la Mecque [6]. Les nouvellistes de Paris se chagrinèrent de cela, et firent savoir 1°. que le fait n’était pas vrai ; 2°. que la conséquence qu’on en tirait n’était pas bonne, puisque la Mecque n’est point au Turc, et que la Porte n’en tire aucun revenu, et y envoie plutôt des présens et des pensions.

  1. C’est-à-dire, comme il paraît par toute la suite du discours, qu’il est sous la protection du grand-turc.
  2. Appendix Geogr. Nubiensis, ubi infrà.
  3. Gabr. Sionita et Joh. Hesron. de nonnull. Orient. Urbibus, sive in Appendice Geographiæ Nubiensis, pag. 21.
  4. D’Herbelot, Biblioth. orient., pag. 569, col. 2.
  5. On écrit ceci en octobre 1700.
  6. Conférez ce que dessus, citation (13) de l’article Mahomet II, dans ce volume, p. 107.

MEY (Jean de), docteur en médecine, professeur en théologie, et ministre à Middelbourg, au XVIIe. siecle, a composé plusieurs ouvrages en flamand [a]. Il a fait aussi un livre latin intitulé : Sacra physiologia [b], où il explique les passages de l’Écriture qui concernent les matières de physique. Il y a des gens qui ont parlé de ce traité-là avec beaucoup de mépris (A). Cet auteur mourut à l’âge de cinquante-neuf ans, le 8 d’avril 1678, comme le remarque le sieur Witte, à la page 116 de la IIe. partie du Diarium Biographicum.

  1. On les a recueillis en un volume in-folio, imprimé à Middelbourg, l’an 1681.
  2. Imprimé à Middelbourg, l’an 1661, et non pas à Venise, l’an 1602, comme M. Konig l’a débité.

(A) Il y a des gens qui ont parlé de sa Sacra Physiologia avec beaucoup de mépris. ] Valentin Henri Voglérus l’accuse de compiler sans jugement les opinions des autres auteurs, et de se lisser trop entraîner à la nouveauté. Un autre l’accuse d’être plagiaire. Voici ma preuve : Industriam suam non approbavit Valentino Henrico V’oglero, qui in suo commentario posthumo de eodem argumento censet Maium non tam suam scientiam declarâsse, quàm alienas sententias exscripsisse, idque nullo ferè delectu novitate præcipuè opinionum pellectum. Quod judicium inclementius aliquantò videri poterat, cum in ejus-